Poudre d’escampette… en zone de houle (volet 3)

Fin juillet,
Une nuit chaude, humide jusqu’à être suffocante, telle une nuit de Madinina égarée à Paname… Elle aime cette atmosphère où les soirs d’été, Miss obscurité s’emplit de murmures jusqu’à ce que Morphée gagne le bras de fer. Elle aime ce silence partagé où le jour attend patiemment qu’on lui cède la place pour enfin s’imposer.

Le réveil sonne et la voilà qui émerge…
Un rêve flotte encore au-dessus d’elle comme une couverture tressée d’instants éphémères.
Elle se lève avec résignation et cette sensation qu’une heure de plus ne serait pas du luxe.
Dans la rue des marteaux piqueurs font déjà entendre leurs voix, laissant planer un rempart de poussière diurne.
Ligne 12, elle se fraye un chemin dans l’allée du métro, passe devant un ado les écouteurs braillards collés aux oreilles ; un monsieur endimanché hurlant dans son portable des choses qui devraient rester privées ; une petite dame plongée dans son journal, la mine défaite, les lèvres pincées.
Finalement elle s’assoit face à une maman et son petit garçon, absorbés par leur conversation.
Elle ferme les yeux un instant et reprend sa respiration.

Ce métro, c’est une part de son quotidien : un concentré d’origines plurielles, qui cohabitent, parfois s’unissent, parfois se repoussent.
Au fil du temps elle est même parvenue a distinguer cette subtile empreinte que la culture appose à chacun de ceux dont elle croise le regard.

Mais aujourd’hui l’atmosphère du métro ressemble à une vitre fêlée, où tout semble l’irriter…
Il y a ce petit garçon qui répond à sa maman de manière évasive,
Il y a sa maman qui dissimule son enquête sous un voile d’empathie pour finalement exploser dans un : « Tu m’as menti !? ».

En un instant cette conversation tenace se matérialise en une dispute qui se propage dans tout le wagon, calfeutrant chaque recoins comme un isolant.
Plus de brouhaha, plus de musique, plus de téléphone, juste l’éclat de leurs voix.
L’enfant cherche un soutien, un secours auquel se raccrocher.
Elle n’ose laisser ce regard innocent dépasser le coin de ses yeux, elle ne peut s’immiscer, alors juste un sourire.
La réalité des enfants n’est elle pas faite de rêve, de jeux, et le mensonge ne s’y mêle t’il pas parfois sans qu’ils s’en rendent compte… ?
La maman finit par envelopper sa menace d’une drôle de grimace, le minot se lève dans un cri aigu doublé d’un rire, et cueille instantanément tous les sourires de ceux qui écoutent.
Une main malhabile, un geste inachevé, et voilà un tendre baiser posé sur son front.

Un vent de soulagement parcours le wagon comme dans le « Happy end » d’un film.
Tout n’était que densité, tout n’est plus que légèreté.

C’est l’essence même de ces instants anodins qu’elle souhaite partager encore, mais pas seulement…
Ces instants qui autrement resteraient à guetter sur les seuils des quais du métro, des arrêts de bus ou les coins de rue.

Mais Myopaname prend la poudre d’escampette, car il est venu le temps des vacances !

Joyeuses vacances !

137 réflexions sur “Poudre d’escampette… en zone de houle (volet 3)

  1. Je découvre des récits qui ont de la saveur ! Magnifiquement écrits. Je n’en dirais pas plus, puisque les commentaires précédents ont déjà tout dit, ou presque 😉
    Bon week end Myopaname

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  2. Ce petit instant précieux où le silence se fait et l’enfant s’accroche à ce qu’il peut pour finalement exploser dans le soulagement et le rire, c’est génial ! Le silence décrit, c’est comme si je l’avais senti 😀
    Merci du partage Myopaname

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  3. Une écriture toujours aussi généreuse ! Ces petites histoires dans le métro sont touchantes. Y a des photos absolument géniales également, ça donne envie de prendre l’objectif pour s’essayer à cet art.
    Bonne reprise !

    Aimé par 1 personne

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