8 mars 2016…

Un soleil chétif qui se lève,
Des flaques d’eau saisies par le froid, devenues miroirs,
Des flocons, suspendues en apesanteur, leurs murmures feutrés et ce silence blanc cloué à terre.
Elle observe le ciel laiteux et son escadrille de nuages, comme déposés en équilibre sur les toits des immeubles, prêts à basculer.

L’hiver abuse de son dernier souffle,
L’hiver use de son froid insidieux pour faire impression, pour une sortie magistrale avant la saison nouvelle.
Déjà Dame Nature dévoile les signes d’un printemps précoce : chaque arbre, chaque buisson, chaque brindille semblent sous tension, comme prêts a exploser pour dévoiler un secret précieusement gardé.
L’hiver doit lâcher prise…

Blottie sous le porche, elle attend patiemment que le déluge expire. Elle respire tranquillement l’indifférence de ceux qui passent, comme un calme enveloppant.
Sur le mur, en face, une immense affiche, le visage d’une vieille femme, et ces mots : « 8 mars, un siècle de combats : journée internationale de la femme ».
Il lui semble voir toute la vie de cette femme dans les creux de ses rides… toute l’histoire des femmes. Dans son regard, une infinie tendresse, mêlée d’espoir et de détermination.

Il y a des jours, plus que d’autres, où l’on saisie son histoire, où se révèle ce que nous sommes…
Alors le 8 mars,
Un jour pour dépoussiérer les photos, les batailles de celles qui ont refusé l’injustice ?
Un jour pour rappeler cet héritage, que rien est vain, que le chemin est encore long, mais qu’il ne faut pas abandonner.

Les mots coulent sur elle, comme la pluie ruisselle sur l’affiche pour en mélanger les couleurs, jusqu’a la rendre transparente. Elle s’émiette sous ses yeux, si fragile, si vulnérable…

Elle comprend soudain que si chaque jour devrait être un 8 mars, qu’un seul puisse réveiller les consciences est déjà une victoire.
Alors continuer d’écrire avant que tout s’évanouisse, avant que les fines particules de l’oubli envahissent les essentiels de l’histoire.

Dans une déchirure du ciel, inattendu, un rayon de soleil, comme une lueur d’espoir.

Aujourd’hui, 8 mars 2016, elle se sent vulnérable et résolue.
Aujourd’hui, 8 mars 2016, elle décide de marcher jusqu’à l’engourdissement, jusqu’à l’ivresse. Marcher avec ces femmes ordinaires qui ont fait l’histoire.

A toutes les Femmes du monde entier
A ma Maman
A ma Sœur
A mes Amies

En illustration, Portrait de femme : Street Art de Herakut, artiste à quatre mains (celles de Akut un graffeur, et celles d’Hera, une peintre) 

161 réflexions sur “8 mars 2016…

  1. J’aime beaucoup ton écriture et en effet : « Elle comprend soudain que si chaque jour devrait être un 8 mars, qu’un seul puisse réveiller les consciences est déjà une victoire. »
    Bonne fin de dimanche.
    J’ai vu aussi que tu t’es inscrite à mon nouveau site : reveletonpotentiel.com (révélez-vous, révèle ton élégance) et je j’en remercie, mais cette inscription s’est faite par le module de WordPress et je ne sais pas pourquoi, alors que l’inscription n’est censée être accessible que par le biais de l’autorépondeur qui te permettra d’avoir droit à mes newsletters : je t’indique donc le lien d’inscription : http://eepurl.com/bUQUsH
    Très bonne soirée à toi.
    Yveline.

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  2. Oui votre expression est particulièrement magique. J’aime les femmes, leur délicatesse, leur force, et tout simplement car c’est elles qui donnent la vie. Votre récit n’oublies rien sans rebellion ni donner des leçons. C’est important de ne pas oublier hier, mais encore plus d’avancer. Tout est dit dans votre récit, avec les nuances et la subtilité qu’il faut. Bravo

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  3. Je te lis régulièrement, je m’imprégne de la substance de tes mots… Très souvent en silence, dans le silence de mes saisons…
    Quant à la journée de la Femme et tant d’autres journées, je trouve juste lamentable qu’il faille encore et toujours se battre pour nos droits et, malheureusement, ce n’est pas prêt de changer. ☺
    Bonne soirée

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    • Oh touchée…
      j’aime aussi lire dans un silence enveloppant pour me laisser embarquer par une envolée de mots…
      Les droits de l’homme et les droits civiques universels ne seront respectés que lorsque l’homme se rendra compte qu’il est responsable pour le monde entier…

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  4. Très beau texte qui a juste pour titre une date. Une date que connaissent beaucoup de gens mais qui pour pour certains ne signifie pas grand chose.
    Le titre a, rien qu’à lui, le don de mettre la puce à l’oreille et d’inciter à lire.
    Un texte fort bien écrit avec un plan bien monté puisque qu’apparait d’abord une image d’une rue de Paris dans le froid , un Paris au sortir de l’hiver mais qui ne désespère pas de voir arriver le printemps.
    Puis arrive l’image de cette femme se cachant pour se protéger de la pluie, une pluie complice malgré elle puisque grâce à elle, cette femme voit l’affiche qui es collée face à elle. Se détache alors une autre image : non plus une rue ou un quartier de Paris mais celle d’une femme qui paraît seule devant cette affiche, une femme qui pense, réfléchit et s’interroge. Elle prend conscience que cette journée est fragile et tu fais le parallèle entre cette affiche mouillée que détruit la pluie et cette femme qui repense à sa condition de femme et se sent pareille à cette affiche si fragile sous la pluie.
    Elle voit arriver le soleil et pense au même moment qu’avec le temps et les bonnes volontés, le combat mené atteindrait son but. Un texte sérieux et utile qui comme l’arrivée du rayon de soleil finit sur une note d’optimisme.
    Un fort beau texte qui me conforte dans cette idée que tu possèdes un réel talent d’écrivaine capable de retenir et de captiver ton public de lecteurs.

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