Un sourire, un mot… des vies

Le ciel, le sol et la pluie qui ne forment qu’un, pour se fondre en une pellicule scintillante.
Le silence comme s’il sanglotait …
Instantanément, la pluie qui cesse et le soleil qui fait son entrée, comme s’il baillait après la sieste.
Le délice de cette lueur de l’aube qui se faufile dans sa chambre, rampe jusqu’à elle pour caresser son visage et la réveiller.

Elle se lève, ouvre la fenêtre, livrant la pièce à ces rayons matinaux qui tiennent la promesse d’une journée radieuse…
Une lumière cuivrée, douce, presque vivante qui vient l’envelopper pour un « Bonjour …».

Emmaillotée dans un châle, elle regarde l’horizon comme on regarde une affiche de cinéma… ses pensées font du bruit :

Il y a Dame Nature, s’ébrouant encore sous la respiration du vent pour émerger de son sommeil.

Il ya cette femme qui marche seule dans la rue, la vie devant elle et chacun de ses pas qui ressemblent à des mots qu’on ne prononce pas. Il lui suffirait de les guetter pour les recueillir comme on reçoit une confidence.

Plus loin il y a cet homme qui parle si fort que même ses mots les plus courts semblent ornés de voyelles supplémentaires. Pourtant il sait que sa voix ferme ne franchira pas le barrage du sourire de celle qui l’écoute. Ce sourire qui appelle le meilleur en lui…

Et puis cet enfant qui a trébuché pour s’étaler de tout son long, dont les cris se propagent dans toutes les directions… se heurtent au silence, rebondissent pour trouver une sortie et s’évanouir dans les mots réconfortants de sa Maman.

Assis sur un banc au pied du chêne, un vieil homme, le dos courbé sous le poids d’une tristesse sans nom, les yeux plongés dans ceux d’une femme. Le temps semble suspendu de part et d’autre de son sourire de femme aimante, un sourire chargé d’une énergie silencieuse qui commande l’espoir…

Elle se souvient de cette enfant lisant à voix haute un livre d’histoire, dans le métro… et la sensation furtive que tout le wagon, suspendu à ses lèvres, était plongé dans une bulle de mots, un halo d’innocence…

Elle se souvient aussi ce conducteur de la ligne 12, annonçant avec une voix d’hôtesse, les prévisions météorologies, quelques conseils bordés d’humour pétillant et un inattendu « Agréable journée à tous », inondant sa rame de bonne humeur.

Un frisson court sur sa peau comme le vent effleure l’herbe…
Alors elle laisse tomber ses pensées comme des miettes de pain, pour aller respirer toutes ces intentions murmurées, et ces sourires qui vibrent jusqu’à contaminer l’air…

Se peut il que les mots ou les sourires soient vivants ?
Se peut il que les mots ou les sourires fassent taire les blessures et redonnent l’intensité aux couleurs ?

/En illustration un pochoir de Bansky, personnalité majeur de l’art urbain international/

Maman…

Mai 2016

À peine réveillée et déjà s’engouffrer dans le métro ?
Etre collée serrée dans la masse des gens résignés qui lisent les mêmes mots des journaux gratuits ?

Non !

Aujourd’hui à l’abri dans sa voiture, elle scrute les nuages qui s’effilochent en lambeaux dans un ciel plombé.
Les essuie-glaces étalent la pluie mêlée de lumière sur le pare brise.

Un arc-en-ciel…
Comme un événement majuscule, inattendu, pour confirmer une journée fluide, pleine d’évidences.

Elle se remémore ces mots : « la vie, c’est comme un arc-en-ciel, il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs ».

Sourire…

L’averse laisse place à des étirements brumeux, un « je-ne-sais-quoi » de langueur canaille et aguichante qui colle à la peau.
Le ciel soudainement envahi de bleu, éclaboussé de lumière, déchiré par la silhouette des immeubles, domine Paname.

À l’arrêt à un feu rouge elle regarde défiler des marchands ambulants chargés d’une multitude d’objets, écoute la radio débitant inlassablement les mêmes mots avec les mêmes intonations pour finalement laisser place à une rétrospective sur la fête des mères…

Elle n’a qu’à respirer profondément pour sentir le parfum de sa maman : tant d’essences mêlées… l’herbe humide, la lavande en fleurs, la fleur d’oranger, le sable de leurs vacances d’été, le savon de Marseille, les sablés de Noël, la cannelle,  les étoffes, les fils de soie, la peinture, l’encre de chine…
Elle n’a qu’a la serrer dans ses bras pour voyager clandestinement et se retrouver au creux de ses souvenirs d’enfance…

Elle est une femme joyeuse, volontaire, présente sur tous les fronts.
Elle est celle dont on se souvient la main douce et fraîche posée sur votre front quand enfant fiévreux, vous cherchiez le réconfort, celle qui prépare les goûters de pain perdu au sucre…
Elle est la tendresse, la chaleur, la force.
Elle est celle dont les mots vous réchauffent tel un serment d’affection… doux, nourrissant, apaisant. Des mots qui sentent bon la sécurité, qui recollent les morceaux lorsque tout est éparpillé.

Elle voudrait enfermer ce parfum dans une petite boîte pour le laisser l’envelopper lorsque les jours deviendraient plus froids… Comme les boîtes à bisous données à ses enfants.

Le feu passe au vert.
Les automobilistes impatients klaxonnent.
Réveillée, propulsée à l’âge adulte, confrontée au temps qui passe, laissant doucement l’insouciance de l’enfance plier sous le poids de la vie, elle démarre légère comme un soupir, comme l’ombre d’un papillon à songer à sa maman et savourer de se savoir maman aussi…

Finalement 8 mai, 29 mai… Qu’importe, les mamans seront toujours à l’honneur chaque jour qui passe, n’est-ce pas ?

A ma Maman
Aux Mamans du monde entier

8 mars 2016…

Un soleil chétif qui se lève,
Des flaques d’eau saisies par le froid, devenues miroirs,
Des flocons, suspendues en apesanteur, leurs murmures feutrés et ce silence blanc cloué à terre.
Elle observe le ciel laiteux et son escadrille de nuages, comme déposés en équilibre sur les toits des immeubles, prêts à basculer.

L’hiver abuse de son dernier souffle,
L’hiver use de son froid insidieux pour faire impression, pour une sortie magistrale avant la saison nouvelle.
Déjà Dame Nature dévoile les signes d’un printemps précoce : chaque arbre, chaque buisson, chaque brindille semblent sous tension, comme prêts a exploser pour dévoiler un secret précieusement gardé.
L’hiver doit lâcher prise…

Blottie sous le porche, elle attend patiemment que le déluge expire. Elle respire tranquillement l’indifférence de ceux qui passent, comme un calme enveloppant.
Sur le mur, en face, une immense affiche, le visage d’une vieille femme, et ces mots : « 8 mars, un siècle de combats : journée internationale de la femme ».
Il lui semble voir toute la vie de cette femme dans les creux de ses rides… toute l’histoire des femmes. Dans son regard, une infinie tendresse, mêlée d’espoir et de détermination.

Il y a des jours, plus que d’autres, où l’on saisie son histoire, où se révèle ce que nous sommes…
Alors le 8 mars,
Un jour pour dépoussiérer les photos, les batailles de celles qui ont refusé l’injustice ?
Un jour pour rappeler cet héritage, que rien est vain, que le chemin est encore long, mais qu’il ne faut pas abandonner.

Les mots coulent sur elle, comme la pluie ruisselle sur l’affiche pour en mélanger les couleurs, jusqu’a la rendre transparente. Elle s’émiette sous ses yeux, si fragile, si vulnérable…

Elle comprend soudain que si chaque jour devrait être un 8 mars, qu’un seul puisse réveiller les consciences est déjà une victoire.
Alors continuer d’écrire avant que tout s’évanouisse, avant que les fines particules de l’oubli envahissent les essentiels de l’histoire.

Dans une déchirure du ciel, inattendu, un rayon de soleil, comme une lueur d’espoir.

Aujourd’hui, 8 mars 2016, elle se sent vulnérable et résolue.
Aujourd’hui, 8 mars 2016, elle décide de marcher jusqu’à l’engourdissement, jusqu’à l’ivresse. Marcher avec ces femmes ordinaires qui ont fait l’histoire.

A toutes les Femmes du monde entier
A ma Maman
A ma Sœur
A mes Amies

En illustration, Portrait de femme : Street Art de Herakut, artiste à quatre mains (celles de Akut un graffeur, et celles d’Hera, une peintre) 

Des mots d’A…..

L’hiver et ce silence froid…
L’étirement du brouillard qui trébuche à chaque trottoir pour s’évaporer sous les portes cochères.
L’orage qui éclate et rempli ce même silence..
L’aube et des rêves doux, apaisant comme un serment d’affection qui se verrouillent lorsqu’elle émerge aux premières lueurs.

Elle laisse le fracas de l’eau engourdir son ouïe,
Marche avec hâte, sentant la présence muette des arbres qui bordent la rue, sentant le froid qui chuchote contre sa peau pour s’immiscer jusque dans ses muscles…
A peine réveillée, débordante d’une énergie silencieuse et cette sensation que le monde lui appartient…

Elle pousse la porte du café et sent l’air chaud fendre le froid de l’extérieur.
Envoie des sourires, cueille ceux qu’on lui offre, et chante un « Bonjour Lucie », l’âme de ce lieu chaleureux.
Lance des mots qui polissent les petites choses du quotidien à quelques habitués, d’un regard embrasse la salle pour chercher ses Amies.

Ses Amies…
Elles sont les fous rires, la passion, les grands discours, les envolées, les larmes, les grands silences.
Elles sont la réflexion, l’assurance, les convictions saupoudrées de doutes.
Elles devinent ses préoccupations, ses humeurs espiègles, divergentes, parfois instables.
Elles savent écouter les blancs entre ses mots.
Elles devinent et prennent la mesure de ses batailles, aussi dérisoires ou puissants sont les enjeux.
Combien de tartines à la confiture de larmes ou de rigolade partagées ?
Elles sont avec sa famille son centre de gravité.

Sentant l’arôme rassurant de sa tasse de café, elle les observe avec tendresse.
Cherche les mots pour les décrire, reformule sans cesse.
Ses mots s’enroulent autour de ses pensées, chargés d’émotion et de reconnaissance.
Ce matin le café diffuse dans l’épaisseur de l’air un parfum de légèreté, de complicité et d’amour.

Il faut aller dans la vie pour écrire la vie !
Mais de quoi parle t’elle ?
De l’Amitié avec un grand « A », bande de foule sentimentale !

Une étincelle…

Fin octobre,
Le vent soulève les feuilles mortes dans un bruit de papier froissé.
Le soleil à travers les feuillages, dessine des taches de lumière et joue une symphonie de couleurs exaltées par ses rayons.

Il admire la brume de ces matins d’automne, l’indolence à demi-mot de Paname prête pour le coup d’envoi de chaque nouvelle journée.
Dans le ciel, des oiseaux en formation serrée… ces voyageurs qui portent tout ce qu’ils ont vu en silence.

Juste un ciel en majesté…

Pourtant il appréhende cette saison où les jours sont suspendus dans l’ombre trop tôt, où les nuits arrivent trop vite !

Aujourd’hui, il se lève en supportant la douleur d’une inquiétude sourde…
Alors balayer cette pensée ?
L’ignorer ?
Rester recroquevillé sur le bord de la vie en attendant qu’elle passe ?
Il ose rêver d’un monde aux contours lisses et perméables.
Un monde où tout serait livré avec une notice, un mode d’emploi : « Attention zone de houle » ; « Ici chemin au bonheur palpable » ou « danger, ici désillusion »…
Il rit de ses pensées !
Il imagine que tout savoir, tout comprendre, tout maîtriser, atténuerait les choses et s’applique à chasser ses idées sombres les unes après les autres avant même qu’elles ne deviennent des mots.
Il faut les gommer à la source !
Tout effacer, ou presque et ne percevoir plus que l’entaille de cette inquiétude comme une infime cicatrice.
La voir fondre à ses pieds, basculer dans le passé et n’être conjuguée plus qu’à l’imparfait…

Alors si ces derniers jours, il chausse ses bottes de soldat pour affronter ses détracteurs, il sait avec force que famille, amis sont son point d’encrage sur la paroi glissante de la vie.

Il se sent brusquement conscient de l’instant présent et de cette force commune qui est leur alliée à tous.
N’est-ce pas là le cœur de son énergie ?

Si on ne chasse pas l’écho d’un silence, d’un doute d’une inquiétude… comme on gomme une esquisse,
Ce matin lui offre ce magnifique cadeau de se savoir debout, conquérant, aimé… vivant !

Il ne lui reste plus qu’à cueillir en plein vol chaque étincelle de la vie, laisser ses pensées sombres s’éclipser par la porte de derrière pour que demain le dernier mot lui appartienne !

Demain nous serons vainqueurs
Demain nous serons vingt cœurs, et plus encore…

Des étoiles plein les yeux…

Aout 2015,
Des journées limpides et langoureuses, glissant les unes dans les autres, sans fausses notes,
Le soleil qui décline et ses astres nonchalamment absorbés par l’obscurité,
La chaleur qui ne veut pas céder et mène un bras de fer avec l’onde fraiche du soir.

Allongée dans l’herbe, les yeux rivés vers le ciel, elle observe les vagues de nuages qui tourmentent l’immensité jusqu’à la faire chavirer.
Puis tel le rideau d’une scène, s’éclipsent humblement pour laisser le premier rôle aux myriades de Perséides…

Elle voudrait des mots saupoudrés d’émotion, des mots dont chaque phrase aurait conscience de la magie éphémère qui l’enivre.
Le souffle coupé, elle écarquille les yeux pour ne rien perdre de ce cadeau du ciel, et garder précieusement en mémoire cet instant privé de traduction… de mots.

Septembre 2015,
6h30, le réveil sonne.
Elle ne sait si elle est encore dans un rêve ou dans la journée qui commence…

Se ressaisit, c’est la rentrée … !!!

Sous la douche elle retrouve instantanément les sensations de ces douces vacances sans autres préoccupations que de faire sécher serviettes et maillots de bain, cueillir les tomates et les haricots du jardin, empiler des boules de glace sur un cornet pour ses enfants et petits cousins, ou choisir la robe et les sandales qu’elle portera…

Un ciel liquide,
L’air saturé de ce matin d’affluence,

Quai ligne 12.
La voilà accueillie par un caviar humain baignant dans une ambiance fébrile et maussade en raison d’un malaise voyageur annoncé.
Les minutes s’écoulent imperturbables pour étirer un peu plus le retard inévitable.

Un rugissement libéré par l’obscurité annonce l’arrivée du métro.
Le flot de ceux qui sortent et l’impatience des autres qui se bousculent…
Elle respire profondément pour ne pas laisser la tension ambiante la déséquilibrer.

« Laissez descendre s’il vous plait !! »
Alors s’écarter sans perdre de vue l’entrée ou attendre l’improbable suivant ?

Agglutinés dans le wagon, elle observe tous ces voyageurs ne formant plus qu’un, blottis dans un halo de résignation, le regard porté vers les vitres.
« Ouvrez les fenêtres s’il vous plait !! »

Les portes claquent.
Elle reste sur le quai.
Le métro s’enfuit lourdement,
Elle reste là, son regard accroché aux rails qui s’évanouissent dans la pénombre.
Une voix annonçant la reprise du trafic dans 40 minutes, la secoue et la propulse dans la réalité.

Demi tour,
Elle attrape un taxi,
Le front contre la vitre elle regarde Paname défiler,
Paname qui lui ouvre le passage,
Paname qui exhibe sa beauté, ses différences, ses extravagances, ses opulences et dissimule ses indigences.
Le temps s’étire, s’éternise…

« Ce sera 22€ !! »
Dans sa hâte, les pièces s’éparpillent à ses pieds comme des indulgences sollicitées…
« Bonne journée ! »

Oui ! Ce sera une bonne journée, même si pour ce premier jour La ville est tendue et lui refuse une journée fluide… parce qu’encore dans ses yeux scintille la pluie d’étoiles filantes de ses jours heureux du mois d’aout.

Bonne reprise à tous !

Suite… Le regard d’un enfant – Petit d’homme

Un petit train en bois et le regard victorieux de ce petit d’homme haut comme trois pommes, qui vient d’achever le montage de chacune des pièces, pour qu’enfin la locomotive puisse avancer, pousser son sifflet à tue-tête et annoncer le top départ.

Une bulle de savon qui s’enfuit poussée par le vent, le regard émerveillé de ce petit d’homme qui tend les mains pour l’attraper.

Un tableau noir, une craie guidée par une main hésitante, le regard pétillant de ce petit d’homme qui achève la dernière boucle d’une lettre parmi d’autres pour dire « je t’aime ».

Un cornet de glace, comme une tâche de peinture sur les pavés, le regard débordant de larmes pour ce délice laissé échappé.

Les saisons se succèdent tel un éternel recommencement et son regard n’a de cesse de s’ouvrir aux petits bonheurs de la vie. Mais déjà ce petit d’homme vacille entre le monde de l’enfant et celui de l’adulte.

Elle est rassurée lorsque, encore, elle peut croquer ce regard d’enfant à travers son objectif, son crayon, ou juste garder précieusement dans sa mémoire :
Des petits riens ?

Des yeux rieurs et gourmands lorsqu’il dévore une barba papa,
Des yeux tendres et inquiets lorsqu’il prend soin de son chat,
Des yeux observateurs lorsqu’en été, buvant une boisson fraîche, son verre se colore de buée
Des yeux interrogateurs lorsque inlassablement … « dis maman… pourquoi? »

Des yeux… le reflet de l’âme.

Elle perd un instant l’équilibre lorsqu’elle l’accompagne dans un choix de vie pour qu’il s’épanouisse et que le meilleur s’en suive. Elle perd l’équilibre car elle craint que « flirter » avec ce monde d’adultes le fasse grandir trop vite.
Cette émotion comme lorsqu’on entend un bruit, qu’on se retourne et s’est déjà presque trop tard.

Cette émotion quand les choses semblent vous échapper…

Si son enfant grandi, elle doit grandir aussi … et juste être là.

Alors aujourd’hui elle marche… elle marche sous ce soleil d’hiver qui l’enveloppe pour la protéger de cette onde froide, tels les bras d’une maman qui délicieusement serre son enfant sur son coeur pour lui apporter chaleur, tendresse et amour.
Aujourd’hui son coeur bat la chamade car ensemble ils ont déjà grandi, qu’elle le sait fort de son héritage et de tous ces petits bonheurs de la vie qu’elle lui a appris.
L’héritage… l’essentiel n’est il pas ce que l’on en fait ?