Décembre, un jour…

Le vent qui s’enfle comme un cri,
Le ciel qui ploie, jusqu’à dégringoler, les nuages piégés dans les branches dénudées, comme des « échevelures ouatés ».

Elle embrasse l’horizon de ce regard qui veux apprendre… toujours prête à s’étonner, se laisser surprendre.

7h30, agglutinés dans le métro, au bord de l’étouffement, elle n’en peut plus d’attendre de sortir pour éprouver le choc du vent glacé et respirer à plein poumon.
4 C°, et cette vague glaciale qui transperce ses vêtements jusqu’à caresser sa peau sans préliminaires.

Dehors, cet homme qui se laisse choir sur un banc.
Un soupir que personne n’entend, un regard vide qui trahi les nuits sans sommeil et tout autour, ce halo d’indifférence comme un jugement à son encontre.
Mais il est là devant elle avec son regard comme une prière.
Mais elle est là devant lui comme une étrangère devant une porte ne sachant si elle est la bienvenue.

Il la détaille, elle s’émiette sous ses yeux, aussi vulnérable que lui.
Il tente un sourire aussitôt déchiré en grimace, mais l’invitation est là.
Alors elle guette ses mots tels de petits nuages pour les recueillir.
Alors il murmure pour que les mots accueillent la confidence, l’intimité à partager.

Seules les consonnes affleurent, le reste se devine…

Une succession de phrases trouées de silence pour lui apprendre qu’il vit dans la rue depuis 6 mois, et que ces 6 mois c’est comme 100 ans !!!
Il lui apprend ses bonheurs, ses déséquilibres, ses embardées. La prend à témoin de sa chute… prend à témoins les passants qui s’écartent gênés ou juste pressés.

Tout son corps réagi : « Je ne suis pas une chose privée de respiration et d’esprit… !!! »

Il parle d’avant, d’une autre vie.
Dans un cri muet, dit sa colère contre l’injustice, la société mais aussi contre lui même.
Il rêve d’une vie qui ne boîte plus.
Il rêve de dormir pour oublier le froid, pour oublier tout court.
Elle disparaît un instant pour revenir avec un café brulant, l’enveloppe de mots, étreint ses angoisses pour l’apaiser et finit par se raconter elle aussi…
Des mots et surtout des maux partagés pour gommer les particules de l’anonymat et apaiser encore…

9h00, ce temps si ténu, tendu comme une virgule fragile, prêt à tout rompre, qui la rappelle à l’ordre.
Elle doit le quitter, lui, ses 26 ans, sa singularité, ses forces, ses faiblesses, et sa rage de vivre blottie tout au fond, prête à sortir pour mordre à l’espoir… il suffirait d’un signe !

A cet instant, il n’y a plus de place pour les mots, à peine pour respirer, alors un soupir suivit d’un sourire…
Elle finit par s’éloigner avec ses mots partagés, serrés tout contre elle, sans égarer la moindre confidence.
Se retourne joyeusement vers lui : « Tu as la vie à portée de main et ça ce n’est pas une imposture ! »

Voilà toute la naïveté dont elle s’était vêtue comme d’un châle au parfum de sécurité : Des mots, un sourire, de l’attention et des actes comme un baume aux maux… avec un zeste de magie de Noël !

La vie c’est beaucoup trop pour être insignifiant…

L’été,
cette saison où les minutes s’allongent pour retenir chaque seconde et se blottir dans l’instant présent,
juste se soumettre au délice du soleil et regarder la terre engourdit de chaleur.

L’été à Paname…
C’est la tempête de ciel bleu, les pavés brulants, les murs éclaboussés de lumière.
C’est l’éphémère tels des pétales entrainés dans une fuite, une inquiétude ailée.
C’est la quête du moindre raie d’ombre dans l’intimité des murs, les portes cochères, le velours vert des feuillages.
C’est le saule pleureur de l’île de la Cité, les feuilles tombant dans l’eau comme autant de reproches muets à notre terre vieillissante.
C’est cet instant bref et fort lorsqu’une nuée d’oiseaux prend son envol dans une explosion d’ailes et de soleil.
C’est le marchand de ballons, accroché à sa grappe multicolore, provoquant l’envie des enfants dans un écho sans fin.
C’est…

Aujourd’hui aux portes de l’automne, le soleil tardif rejoins le firmament nuageux dans une déchirure couleur souffre…
Finit la belle saison !?
Finit les chaudes et délicieuses matinées à errer sans autre but que la sensation fugitive de l’instant présent !?

Déjà le jour est entré dans sa maison pour la pousser dehors.
La voilà qui court comme pour vivre la prochaine minute avant celle du présent…!

Emportée par le flot dense et désordonné, elle sait bien que Paname est là pour imposer toujours et encore son rythme à toutes ces vies qui se croisent. Des vies pour faire émerger une étincelle parfois saisie à la volée ou dissipée comme un nuage de lait dans un café.

Aaaah si les secondes étaient plus espacées, elle pourrait se faufiler, s’échapper, les devancer…

Elle se fraye un passage dans le brouhaha épais.
Enivrée… tout à coup cette nausée qui coince le cœur dans la gorge, cogne contre ses tempes et l’immobilise.
STOP !!!

Aussi discrète qu’une virgule dans un roman de 500 pages, elle envoie un sourire comme une brèche dans l’anonymat.
Une main tendue et son cœur prêt à exploser comme une gerbe de confettis.
Une rencontre improbable dans la banalité d’une journée d’automne, provoquée par l’audace d’un sourire…
Dans leur regard, le temps s’éternise comme un long discours, jusqu’à prendre l’allure d’une lente succession de secondes prétentieuses.
Il la regarde comme si elle était une effraction à la réalité.

Le tumulte des klaxons,
La sirène des pompiers pour leur voler leur instant…

Elle se détourne avec cette envie de respirer le monde à plein poumon, refusant de regretter, d’oublier cet instantané de vie.
Elle sait déjà qu’elle le rangera comme on pli un vêtement et le serrer dans un placard avec tout ses souvenirs.

La vie ce n’est pas seulement respirer, c’est avoir le souffle coupé…

Premiers mots volés à Charlie Chaplin
Mots de la fin volés à Alfred Hitchcock

Un sourire, un mot… des vies

Le ciel, le sol et la pluie qui ne forment qu’un, pour se fondre en une pellicule scintillante.
Le silence comme s’il sanglotait …
Instantanément, la pluie qui cesse et le soleil qui fait son entrée, comme s’il baillait après la sieste.
Le délice de cette lueur de l’aube qui se faufile dans sa chambre, rampe jusqu’à elle pour caresser son visage et la réveiller.

Elle se lève, ouvre la fenêtre, livrant la pièce à ces rayons matinaux qui tiennent la promesse d’une journée radieuse…
Une lumière cuivrée, douce, presque vivante qui vient l’envelopper pour un « Bonjour …».

Emmaillotée dans un châle, elle regarde l’horizon comme on regarde une affiche de cinéma… ses pensées font du bruit :

Il y a Dame Nature, s’ébrouant encore sous la respiration du vent pour émerger de son sommeil.

Il ya cette femme qui marche seule dans la rue, la vie devant elle et chacun de ses pas qui ressemblent à des mots qu’on ne prononce pas. Il lui suffirait de les guetter pour les recueillir comme on reçoit une confidence.

Plus loin il y a cet homme qui parle si fort que même ses mots les plus courts semblent ornés de voyelles supplémentaires. Pourtant il sait que sa voix ferme ne franchira pas le barrage du sourire de celle qui l’écoute. Ce sourire qui appelle le meilleur en lui…

Et puis cet enfant qui a trébuché pour s’étaler de tout son long, dont les cris se propagent dans toutes les directions… se heurtent au silence, rebondissent pour trouver une sortie et s’évanouir dans les mots réconfortants de sa Maman.

Assis sur un banc au pied du chêne, un vieil homme, le dos courbé sous le poids d’une tristesse sans nom, les yeux plongés dans ceux d’une femme. Le temps semble suspendu de part et d’autre de son sourire de femme aimante, un sourire chargé d’une énergie silencieuse qui commande l’espoir…

Elle se souvient de cette enfant lisant à voix haute un livre d’histoire, dans le métro… et la sensation furtive que tout le wagon, suspendu à ses lèvres, était plongé dans une bulle de mots, un halo d’innocence…

Elle se souvient aussi ce conducteur de la ligne 12, annonçant avec une voix d’hôtesse, les prévisions météorologies, quelques conseils bordés d’humour pétillant et un inattendu « Agréable journée à tous », inondant sa rame de bonne humeur.

Un frisson court sur sa peau comme le vent effleure l’herbe…
Alors elle laisse tomber ses pensées comme des miettes de pain, pour aller respirer toutes ces intentions murmurées, et ces sourires qui vibrent jusqu’à contaminer l’air…

Se peut il que les mots ou les sourires soient vivants ?
Se peut il que les mots ou les sourires fassent taire les blessures et redonnent l’intensité aux couleurs ?

/En illustration un pochoir de Bansky, personnalité majeur de l’art urbain international/

Maman…

Mai 2016

À peine réveillée et déjà s’engouffrer dans le métro ?
Etre collée serrée dans la masse des gens résignés qui lisent les mêmes mots des journaux gratuits ?

Non !

Aujourd’hui à l’abri dans sa voiture, elle scrute les nuages qui s’effilochent en lambeaux dans un ciel plombé.
Les essuie-glaces étalent la pluie mêlée de lumière sur le pare brise.

Un arc-en-ciel…
Comme un événement majuscule, inattendu, pour confirmer une journée fluide, pleine d’évidences.

Elle se remémore ces mots : « la vie, c’est comme un arc-en-ciel, il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs ».

Sourire…

L’averse laisse place à des étirements brumeux, un « je-ne-sais-quoi » de langueur canaille et aguichante qui colle à la peau.
Le ciel soudainement envahi de bleu, éclaboussé de lumière, déchiré par la silhouette des immeubles, domine Paname.

À l’arrêt à un feu rouge elle regarde défiler des marchands ambulants chargés d’une multitude d’objets, écoute la radio débitant inlassablement les mêmes mots avec les mêmes intonations pour finalement laisser place à une rétrospective sur la fête des mères…

Elle n’a qu’à respirer profondément pour sentir le parfum de sa maman : tant d’essences mêlées… l’herbe humide, la lavande en fleurs, la fleur d’oranger, le sable de leurs vacances d’été, le savon de Marseille, les sablés de Noël, la cannelle,  les étoffes, les fils de soie, la peinture, l’encre de chine…
Elle n’a qu’a la serrer dans ses bras pour voyager clandestinement et se retrouver au creux de ses souvenirs d’enfance…

Elle est une femme joyeuse, volontaire, présente sur tous les fronts.
Elle est celle dont on se souvient la main douce et fraîche posée sur votre front quand enfant fiévreux, vous cherchiez le réconfort, celle qui prépare les goûters de pain perdu au sucre…
Elle est la tendresse, la chaleur, la force.
Elle est celle dont les mots vous réchauffent tel un serment d’affection… doux, nourrissant, apaisant. Des mots qui sentent bon la sécurité, qui recollent les morceaux lorsque tout est éparpillé.

Elle voudrait enfermer ce parfum dans une petite boîte pour le laisser l’envelopper lorsque les jours deviendraient plus froids… Comme les boîtes à bisous données à ses enfants.

Le feu passe au vert.
Les automobilistes impatients klaxonnent.
Réveillée, propulsée à l’âge adulte, confrontée au temps qui passe, laissant doucement l’insouciance de l’enfance plier sous le poids de la vie, elle démarre légère comme un soupir, comme l’ombre d’un papillon à songer à sa maman et savourer de se savoir maman aussi…

Finalement 8 mai, 29 mai… Qu’importe, les mamans seront toujours à l’honneur chaque jour qui passe, n’est-ce pas ?

A ma Maman
Aux Mamans du monde entier

« Dis… tu crois en quoi ? »

Ecrire… ce projecteur, cette lumière sur les émotions.
Ecrire… et rêver donner un éclat sur l’anodin, le transformer en un bien précieux et rare.
Ecrire… pour raconter les envolées, les états d’âme, la vie en toute simplicité qu’un seul mot pourrait changer en épopée.

Aujourd’hui, elle se noie dans la fin de sa tasse de café… le café est froid.
Se dit qu’elle pourrait retourner dans son lit et se lover dans l’empreinte encore tiède que son corps a laissé dans la nuit…
Aujourd’hui, ses mots lui semblent tellement élimés qu’on y voit au travers… comme la vie ténue et fragile avant la prochaine virgule.

Un fragment de lassitude ?
Tenir alors la nostalgie à distance et s’arrimer au présent ?
Ambivalence des sentiments : plénitude et vide.

Le tic-tac de l’horloge rythme ce silence trouble.

Elle laisse tomber ses pensées comme des miettes de pain.

Admire le soleil qui prend son tour de garde pour éclairer le monde, et sans préambule se répand dans la pièce comme pour lui reprocher son humeur morose.

Ces dernières semaines, assommée par les blessures du monde et ses propres batailles, une peur sourde l’enferme dans des mots qu’on ne prononce pas.
Cette peur là, elle croyait en avoir fini !
Imprévisible, soudaine, sur le quai du métro, dans une boutique, à un carrefour alors qu’elle traverse la rue !
Elle surgit insidieuse, pour devenir chagrin et douleur !
La peur, c’est la brèche invisible qui se creuse au fond de son ventre, les images, les résonnances, l’écho d’un bruit ou d’un silence qui la réveillent au cœur de la nuit…
Alors ne pas l’ignorer… la regarder droit dans les yeux !

Tout donner et recevoir le monde entier, voilà la naïveté dont elle s’était vêtue comme d’une couverture.

Sommes nous de si petites choses que le monde continu de tourner sans se soucier ?

A l’abri de sa maison, tout respire la paix des gestes du quotidien.
Elle a besoin du silence des mots écrits.

Portée par la conscience de cette émotion à laquelle la vie la soumet, elle sait qu’il faut faire avec…
Et si quelque chose a vacillé une fois encore, n’est ce pas au cœur des bouffées de joie, de colère, de désarroi, de peur, au cœur des émotions que l’on trouve le carburant de la vie ?

Elle se remémore soudain ce minot du coin de la rue du marché de l’Olive, avec le rire de son âge sur les lèvres, qui jouait a défier les adultes avec toujours la même question : « Dis Madame… tu crois en quoi ? »
Elle le regarde amusée : « Je crois en ce qui nous rend vivant… »

….

« I learn that courage was not the absence of fear,
but the triumph overt it.
The brave man is not he who does not feel afraid,
but he who conquers that fear. » Nelson Mandela

Ici en illustration : street art de Seth Julien, graveur de la scène Parisienne, il peint les enfants de ses voyages avec ce je ne sais quoi de magique.

8 mars 2016…

Un soleil chétif qui se lève,
Des flaques d’eau saisies par le froid, devenues miroirs,
Des flocons, suspendues en apesanteur, leurs murmures feutrés et ce silence blanc cloué à terre.
Elle observe le ciel laiteux et son escadrille de nuages, comme déposés en équilibre sur les toits des immeubles, prêts à basculer.

L’hiver abuse de son dernier souffle,
L’hiver use de son froid insidieux pour faire impression, pour une sortie magistrale avant la saison nouvelle.
Déjà Dame Nature dévoile les signes d’un printemps précoce : chaque arbre, chaque buisson, chaque brindille semblent sous tension, comme prêts a exploser pour dévoiler un secret précieusement gardé.
L’hiver doit lâcher prise…

Blottie sous le porche, elle attend patiemment que le déluge expire. Elle respire tranquillement l’indifférence de ceux qui passent, comme un calme enveloppant.
Sur le mur, en face, une immense affiche, le visage d’une vieille femme, et ces mots : « 8 mars, un siècle de combats : journée internationale de la femme ».
Il lui semble voir toute la vie de cette femme dans les creux de ses rides… toute l’histoire des femmes. Dans son regard, une infinie tendresse, mêlée d’espoir et de détermination.

Il y a des jours, plus que d’autres, où l’on saisie son histoire, où se révèle ce que nous sommes…
Alors le 8 mars,
Un jour pour dépoussiérer les photos, les batailles de celles qui ont refusé l’injustice ?
Un jour pour rappeler cet héritage, que rien est vain, que le chemin est encore long, mais qu’il ne faut pas abandonner.

Les mots coulent sur elle, comme la pluie ruisselle sur l’affiche pour en mélanger les couleurs, jusqu’a la rendre transparente. Elle s’émiette sous ses yeux, si fragile, si vulnérable…

Elle comprend soudain que si chaque jour devrait être un 8 mars, qu’un seul puisse réveiller les consciences est déjà une victoire.
Alors continuer d’écrire avant que tout s’évanouisse, avant que les fines particules de l’oubli envahissent les essentiels de l’histoire.

Dans une déchirure du ciel, inattendu, un rayon de soleil, comme une lueur d’espoir.

Aujourd’hui, 8 mars 2016, elle se sent vulnérable et résolue.
Aujourd’hui, 8 mars 2016, elle décide de marcher jusqu’à l’engourdissement, jusqu’à l’ivresse. Marcher avec ces femmes ordinaires qui ont fait l’histoire.

A toutes les Femmes du monde entier
A ma Maman
A ma Sœur
A mes Amies

En illustration, Portrait de femme : Street Art de Herakut, artiste à quatre mains (celles de Akut un graffeur, et celles d’Hera, une peintre) 

Des mots d’A…..

L’hiver et ce silence froid…
L’étirement du brouillard qui trébuche à chaque trottoir pour s’évaporer sous les portes cochères.
L’orage qui éclate et rempli ce même silence..
L’aube et des rêves doux, apaisant comme un serment d’affection qui se verrouillent lorsqu’elle émerge aux premières lueurs.

Elle laisse le fracas de l’eau engourdir son ouïe,
Marche avec hâte, sentant la présence muette des arbres qui bordent la rue, sentant le froid qui chuchote contre sa peau pour s’immiscer jusque dans ses muscles…
A peine réveillée, débordante d’une énergie silencieuse et cette sensation que le monde lui appartient…

Elle pousse la porte du café et sent l’air chaud fendre le froid de l’extérieur.
Envoie des sourires, cueille ceux qu’on lui offre, et chante un « Bonjour Lucie », l’âme de ce lieu chaleureux.
Lance des mots qui polissent les petites choses du quotidien à quelques habitués, d’un regard embrasse la salle pour chercher ses Amies.

Ses Amies…
Elles sont les fous rires, la passion, les grands discours, les envolées, les larmes, les grands silences.
Elles sont la réflexion, l’assurance, les convictions saupoudrées de doutes.
Elles devinent ses préoccupations, ses humeurs espiègles, divergentes, parfois instables.
Elles savent écouter les blancs entre ses mots.
Elles devinent et prennent la mesure de ses batailles, aussi dérisoires ou puissants sont les enjeux.
Combien de tartines à la confiture de larmes ou de rigolade partagées ?
Elles sont avec sa famille son centre de gravité.

Sentant l’arôme rassurant de sa tasse de café, elle les observe avec tendresse.
Cherche les mots pour les décrire, reformule sans cesse.
Ses mots s’enroulent autour de ses pensées, chargés d’émotion et de reconnaissance.
Ce matin le café diffuse dans l’épaisseur de l’air un parfum de légèreté, de complicité et d’amour.

Il faut aller dans la vie pour écrire la vie !
Mais de quoi parle t’elle ?
De l’Amitié avec un grand « A », bande de foule sentimentale !

En zone de houle… une intention pour 2016

Fin décembre 2015

Cette saison où la terre s’octroie un temps de recueillement, de méditation, de préparation pour le printemps à venir…
L’air humide et froid du matin qui caresse les rues encore endormies, les arbres vernis de froid, la surface cristalline de l’herbe engourdie par l’onde glaciale.

Elle se réveille à l’aube,
Elle aimerait retrouver cette somnolence matinale du temps d’avant, lovée sous la couette, se laissant envelopper par des rêves de surface pour étirer la douceur de la nuit.

La veille chez ses parents, simplement heureuse de la chaleur de l’instant, de contempler les murs témoins de son enfance. Ce lieu où un cœur est un cœur, une intention une intention, un sourire un sourire…

Aujourd’hui enivrée par cette bolée du petit matin frais, elle se sent l’âme flâneuse d’une touriste…

Elle observe la fuite des nuages, leur vitesse silencieuse.
Le ciel semble s’épaissir, s’amalgamer, pour s’arrêter net devant l’entrée du métro dans lequel elle s’engouffre. Elle en connaît par cœur les méandres, les « chemins de traverse »…
Emportée par le flot dense et désordonné des voyageurs… encore et toujours se croiser, se heurter, se frôler, s’éviter…
Elle a besoin de sentir que la vie y a repris ses droits. Elle a besoin d’y entendre des conversations, des murmures, transpirants l’empathie, l’universalisme, l’humanisme…

A l’arrêt entre deux stations, son métro privé d’électricité « momentanément », se retrouve happé par l’obscurité.
« Veuillez nous excuser pour la gène occasionnée »
A ces mots, figés comme une carte postale, les visages s’illuminent instantanément dans la clarté des Smartphones.

Tous ces écrans déverrouillés mille fois pour vérifier le message, le petit mot, le signe, l’émoticône, le « je ne sais quoi » qui rassure et rappelle que l’on compte, que l’on n’est pas oublié.
Tous ces écrans gardés précieusement, dégainés au moindre tintement.
Toutes ces émotions réduites à des codes, des émoticônes, des petits ronds… ces amitiés qui ne tiennent qu’à une onde, une batterie, un fil.
Toutes ces applications qui détournent de l’autre, et qui font oublier d’observer, de sourire, de partager…

Son téléphone vibre dans sa poche… elle l’ignore.

C’est donc cela être dans l’air du temps ?

Elle imagine un court instant que ces points de lumière sont des bougies comme autant de promesses vacillantes et que le grelot que cet enfant agite depuis le début du voyage est un reste de la magie de Noël, égaré aux portes de 2016.

Elle éternue brillamment, des yeux lui glissent dessus puis retournent à leurs écrans.

Le métro reprend sa route, la libère enfin…

Sur le quai, elle se souvient de ses mots de janvier 2015.
Ils surgissent en formation serrée. En première ligne, comme une intention pour la vie, un seul mot : l’authenticité.
S’engager avec sincérité dans le présent, aller dans le courant et poursuivre son chemin avec le bonheur d’être et de partager.
Ne surtout pas rester sur la surface lisse de la vie, car la vie est un cadeau…

Alors le sourire plein d’espoir, de confiance et de détermination, elle s’en va.

Sur le quai abandonné, un grelot…

2016 est déjà là !

Une Merveilleuse Année à tous…!

Vendredi 13…

Vendredi 13 novembre 2015,
Le froid qui s’immisce insidieusement, la buée qui trouble les vitres, le reste des rayons du couchant avalé par l’obscurité.

Assise, le front collé à la fenêtre, elle laisse son regard errer et capter un détail…
La fenêtre lui offre une large vue sur Paname et la ville toute entière semble entrer dans la pièce…
Au loin le tumulte des klaxons et des sirènes qui se déversent dans les rues.

En un instant son téléphone lui délivre des messages de famille, amis… de Paname, Madinina, Toronto, BelaCrkva, Mexico, San Francisco : « Are you safe ? » « Jesi li dobro ? ». Elle vérifie que ces proches le sont aussi…

Quelque chose de l’équilibre a vacillé, telle une onde de choc… Paname pleure.

Le temps s’est ramassé sur lui même, léger hier, lourd et suffoquant l’instant d’après.
Le chagrin l’oppresse, il veut se ménager une place, qu’elle le prenne dans ses bras.

Des barbares se sont attaqués à l’Humanité !
Des barbares assassinent et terrorisent au nom d’une religion dont ils se réclament en en violant l’esprit !

La violence de cette nuit, c’est les cris, les tirs, le sang… puis le silence et tout cela pour recouvrir les blessures.

Alors céder à la peur ? Si imprévisible, soudaine, comme à un carrefour lorsqu’on traverse une rue…
Alors céder à la colère ? Celle-là même qui cause tant de ravages…
Ne pas se laisser engloutir…
Confusion des émotions…

Petit matin du 14 novembre 2015,
Elle sort,
Elle essuie furtivement les larmes qui ont dévalées ses joues,
Frotte entre ses doigts un brun d’herbe de son jardin, en respire l’odeur et fait le vœux que ce parfum pénètre sous sa peau et efface cette douleur.

Elle marche dans les rues de Paname où toute cette tristesse colle sur les murs.
Et si le chagrin ne se dilue pas dans l’eau, ni dans l’air, elle sent ce vent puissant de solidarité de toute part.

En pleurs, en deuil, citoyens du monde… et DEBOUT !


Des mots pour s’y abriter

Une étincelle…

Fin octobre,
Le vent soulève les feuilles mortes dans un bruit de papier froissé.
Le soleil à travers les feuillages, dessine des taches de lumière et joue une symphonie de couleurs exaltées par ses rayons.

Il admire la brume de ces matins d’automne, l’indolence à demi-mot de Paname prête pour le coup d’envoi de chaque nouvelle journée.
Dans le ciel, des oiseaux en formation serrée… ces voyageurs qui portent tout ce qu’ils ont vu en silence.

Juste un ciel en majesté…

Pourtant il appréhende cette saison où les jours sont suspendus dans l’ombre trop tôt, où les nuits arrivent trop vite !

Aujourd’hui, il se lève en supportant la douleur d’une inquiétude sourde…
Alors balayer cette pensée ?
L’ignorer ?
Rester recroquevillé sur le bord de la vie en attendant qu’elle passe ?
Il ose rêver d’un monde aux contours lisses et perméables.
Un monde où tout serait livré avec une notice, un mode d’emploi : « Attention zone de houle » ; « Ici chemin au bonheur palpable » ou « danger, ici désillusion »…
Il rit de ses pensées !
Il imagine que tout savoir, tout comprendre, tout maîtriser, atténuerait les choses et s’applique à chasser ses idées sombres les unes après les autres avant même qu’elles ne deviennent des mots.
Il faut les gommer à la source !
Tout effacer, ou presque et ne percevoir plus que l’entaille de cette inquiétude comme une infime cicatrice.
La voir fondre à ses pieds, basculer dans le passé et n’être conjuguée plus qu’à l’imparfait…

Alors si ces derniers jours, il chausse ses bottes de soldat pour affronter ses détracteurs, il sait avec force que famille, amis sont son point d’encrage sur la paroi glissante de la vie.

Il se sent brusquement conscient de l’instant présent et de cette force commune qui est leur alliée à tous.
N’est-ce pas là le cœur de son énergie ?

Si on ne chasse pas l’écho d’un silence, d’un doute d’une inquiétude… comme on gomme une esquisse,
Ce matin lui offre ce magnifique cadeau de se savoir debout, conquérant, aimé… vivant !

Il ne lui reste plus qu’à cueillir en plein vol chaque étincelle de la vie, laisser ses pensées sombres s’éclipser par la porte de derrière pour que demain le dernier mot lui appartienne !

Demain nous serons vainqueurs
Demain nous serons vingt cœurs, et plus encore…

Des mots…?

Premier matin d’automne,
Elle sent l’arôme de sa tasse de café, ce parfum qui sent si bon la paix de la maison…

Dans sa mémoire, le ciel tumultueux d’une journée d’été au bord de l’océan, empreint d’une clarté presque aveuglante, miroitante à la surface des nuages.
Ce matin, en un instant le ciel bleu chavire, quelques gouttes de pluie, des nuages en chute libre, et leur couleur ocre qui se dissout dans l’eau.

Elle est heureuse de cette sensation que lui offre encore l’engourdissement du sommeil… et si c’était aussi ça le bonheur ? Pas une illusion, pas un rêve ni même une promesse… juste l’instant présent.

Les semaines ont défilées sans qu’elle puisse écrire une ligne, un mot… Comme si tout devait rester figé, devait rester une ébauche…
Enfin, les mots reviennent dispersés, cherchant un sens.
Tant de mots dans lesquels elle trouve sa part de rêve, des mots sans conséquence, parfois contradictoires, oscillant entre magie éphémère et réalité… pour habiller le quotidien.
Ces mots, c’est la force de son esprit jusque dans son corps.
Ce sont eux qui donnent une rondeur, une douceur comme la caresse d’une main pour apaiser.
Ce sont eux qui soulignent les angles jusque dans le froid d’un sentiment.
Eux si silencieux et criants à la fois…

Alors elle laisse le fracas de la pluie intense engourdir son ouïe… et venir ses mots qui la cernent depuis des jours sans jamais se poser.
Ce matin sa pensée à une nouvelle couleur… et si l’automne flamboie déjà de mille teintes chaudes, elle espère pouvoir écrire demain.

A très bientôt… 

Des étoiles plein les yeux…

Aout 2015,
Des journées limpides et langoureuses, glissant les unes dans les autres, sans fausses notes,
Le soleil qui décline et ses astres nonchalamment absorbés par l’obscurité,
La chaleur qui ne veut pas céder et mène un bras de fer avec l’onde fraiche du soir.

Allongée dans l’herbe, les yeux rivés vers le ciel, elle observe les vagues de nuages qui tourmentent l’immensité jusqu’à la faire chavirer.
Puis tel le rideau d’une scène, s’éclipsent humblement pour laisser le premier rôle aux myriades de Perséides…

Elle voudrait des mots saupoudrés d’émotion, des mots dont chaque phrase aurait conscience de la magie éphémère qui l’enivre.
Le souffle coupé, elle écarquille les yeux pour ne rien perdre de ce cadeau du ciel, et garder précieusement en mémoire cet instant privé de traduction… de mots.

Septembre 2015,
6h30, le réveil sonne.
Elle ne sait si elle est encore dans un rêve ou dans la journée qui commence…

Se ressaisit, c’est la rentrée … !!!

Sous la douche elle retrouve instantanément les sensations de ces douces vacances sans autres préoccupations que de faire sécher serviettes et maillots de bain, cueillir les tomates et les haricots du jardin, empiler des boules de glace sur un cornet pour ses enfants et petits cousins, ou choisir la robe et les sandales qu’elle portera…

Un ciel liquide,
L’air saturé de ce matin d’affluence,

Quai ligne 12.
La voilà accueillie par un caviar humain baignant dans une ambiance fébrile et maussade en raison d’un malaise voyageur annoncé.
Les minutes s’écoulent imperturbables pour étirer un peu plus le retard inévitable.

Un rugissement libéré par l’obscurité annonce l’arrivée du métro.
Le flot de ceux qui sortent et l’impatience des autres qui se bousculent…
Elle respire profondément pour ne pas laisser la tension ambiante la déséquilibrer.

« Laissez descendre s’il vous plait !! »
Alors s’écarter sans perdre de vue l’entrée ou attendre l’improbable suivant ?

Agglutinés dans le wagon, elle observe tous ces voyageurs ne formant plus qu’un, blottis dans un halo de résignation, le regard porté vers les vitres.
« Ouvrez les fenêtres s’il vous plait !! »

Les portes claquent.
Elle reste sur le quai.
Le métro s’enfuit lourdement,
Elle reste là, son regard accroché aux rails qui s’évanouissent dans la pénombre.
Une voix annonçant la reprise du trafic dans 40 minutes, la secoue et la propulse dans la réalité.

Demi tour,
Elle attrape un taxi,
Le front contre la vitre elle regarde Paname défiler,
Paname qui lui ouvre le passage,
Paname qui exhibe sa beauté, ses différences, ses extravagances, ses opulences et dissimule ses indigences.
Le temps s’étire, s’éternise…

« Ce sera 22€ !! »
Dans sa hâte, les pièces s’éparpillent à ses pieds comme des indulgences sollicitées…
« Bonne journée ! »

Oui ! Ce sera une bonne journée, même si pour ce premier jour La ville est tendue et lui refuse une journée fluide… parce qu’encore dans ses yeux scintille la pluie d’étoiles filantes de ses jours heureux du mois d’aout.

Bonne reprise à tous !

Poudre d’escampette… en zone de houle (volet 3)

Fin juillet,
Une nuit chaude, humide jusqu’à être suffocante, telle une nuit de Madinina égarée à Paname… Elle aime cette atmosphère où les soirs d’été, Miss obscurité s’emplit de murmures jusqu’à ce que Morphée gagne le bras de fer. Elle aime ce silence partagé où le jour attend patiemment qu’on lui cède la place pour enfin s’imposer.

Le réveil sonne et la voilà qui émerge…
Un rêve flotte encore au-dessus d’elle comme une couverture tressée d’instants éphémères.
Elle se lève avec résignation et cette sensation qu’une heure de plus ne serait pas du luxe.
Dans la rue des marteaux piqueurs font déjà entendre leurs voix, laissant planer un rempart de poussière diurne.
Ligne 12, elle se fraye un chemin dans l’allée du métro, passe devant un ado les écouteurs braillards collés aux oreilles ; un monsieur endimanché hurlant dans son portable des choses qui devraient rester privées ; une petite dame plongée dans son journal, la mine défaite, les lèvres pincées.
Finalement elle s’assoit face à une maman et son petit garçon, absorbés par leur conversation.
Elle ferme les yeux un instant et reprend sa respiration.

Ce métro, c’est une part de son quotidien : un concentré d’origines plurielles, qui cohabitent, parfois s’unissent, parfois se repoussent.
Au fil du temps elle est même parvenue a distinguer cette subtile empreinte que la culture appose à chacun de ceux dont elle croise le regard.

Mais aujourd’hui l’atmosphère du métro ressemble à une vitre fêlée, où tout semble l’irriter…
Il y a ce petit garçon qui répond à sa maman de manière évasive,
Il y a sa maman qui dissimule son enquête sous un voile d’empathie pour finalement exploser dans un : « Tu m’as menti !? ».

En un instant cette conversation tenace se matérialise en une dispute qui se propage dans tout le wagon, calfeutrant chaque recoins comme un isolant.
Plus de brouhaha, plus de musique, plus de téléphone, juste l’éclat de leurs voix.
L’enfant cherche un soutien, un secours auquel se raccrocher.
Elle n’ose laisser ce regard innocent dépasser le coin de ses yeux, elle ne peut s’immiscer, alors juste un sourire.
La réalité des enfants n’est elle pas faite de rêve, de jeux, et le mensonge ne s’y mêle t’il pas parfois sans qu’ils s’en rendent compte… ?
La maman finit par envelopper sa menace d’une drôle de grimace, le minot se lève dans un cri aigu doublé d’un rire, et cueille instantanément tous les sourires de ceux qui écoutent.
Une main malhabile, un geste inachevé, et voilà un tendre baiser posé sur son front.

Un vent de soulagement parcours le wagon comme dans le « Happy end » d’un film.
Tout n’était que densité, tout n’est plus que légèreté.

C’est l’essence même de ces instants anodins qu’elle souhaite partager encore, mais pas seulement…
Ces instants qui autrement resteraient à guetter sur les seuils des quais du métro, des arrêts de bus ou les coins de rue.

Mais Myopaname prend la poudre d’escampette, car il est venu le temps des vacances !

Joyeuses vacances !

Suite… « En zone de houle… »

L’été, cette saison où la chaleur de la nuit parfois si lourde, pesante comme une couverture vous oblige à l’insomnie. Cette saison où lorsque la nuit se change en jour, la chaleur encore vous enveloppe sans merci… jusqu’à vous liquéfier.

Fin juin 2015, Paname se réveille tout juste :
Un papier gras de croissant, une canette de bière, quelques mégots ornent le coin d’une rue. Un pigeon solitaire, un vélib’ abandonné, le lot ordinaire des voitures et les cris des éboueurs par-dessus la rue.

Une journée limpide, une tempête de ciel bleu, un soleil déjà plein de suffisance… immensité du mois de juin.

Ligne 12 du métro, la voilà assise, soufflant sur ses mèches de cheveux comme pour livrer bataille à la moiteur ambiante.

Face à elle, un vieil homme, un soupçon nerveux. Son regard oscille entre l’horizon sombre que lui offrent les rails et le smartphone qu’il tient précieusement.
Un « je ne sais quoi » d’inquiétude ricoche en lui pour s’évanouir l’instant d’après. Il l’intrigue, lui semble tel un livre ouvert : elle voit en lui les strates formées par les années. Chaque age, chaque printemps… Elle les voit toutes…

Le wagon bruisse de conversations, mais il lui semble qu’ils ne sont que deux…
L’alarme d’un sms tinte, il sursaute, le consulte, son visage se déforme dans une grimace, ses yeux s’embrument, puis se noient dans les larmes.

Désarçonnée par cette vague d’émotions, elle lui sourit avec compassion, il cueille son sourire au vol comme pour s’y abriter.
Peut-être le prendre dans ses bras, et bercer ses larmes jusqu’à les effacer … ?
Il lui renvoie un sourire qui lui demande de la grâce, de la solidarité, de la discrétion.
Elle est perdue, elle voudrait cerner les contours de cette tâche d’encre qui s’étend et lui couper la route : la douleur.
Elle dissimule son incertitude et son impuissance sous un voile de résolution, soutient son regard avec tendresse et lui tend un mouchoir.

Le crissement des freins, la vague de ceux qui sortent, le vieil homme se lève, se retourne vers elle et lui murmure un « merci » qu’elle lit sur ses lèvres.
Les portes claquent.

La voilà seule, cette émotion lui fait écho et elle se souvient de toute l’encre de ses chagrins, de ses doutes mais aussi des ses petits bonheurs, qu’elle a laissé s’égoutter sur le papier ces derniers mois.

Aujourd’hui, cette rencontre c’est un bout de vie, un bout d’histoire qu’elle emporte dans Paname, les coins poussiéreux des rues, les bistrots, les abris bus…

Elle l’emporte avec elle car elle sait que ce concentré d’émotions finira sur son bloc note… jusqu’à vous !

En zone de houle… ou pas !?

Le printemps, cette saison où les jours se glissent les uns dans les autres, limpides et parfois presque langoureux. Cette lumière qui s’attarde dans la journée et semble attendre la conclusion de la dernière heure…

Mai 2015, sur le quai du métro de Paname, la voilà qui observe cette effervescence quotidienne, tel un film flou passant au ralenti.

Une rame de métro approche, mais elle ne monte pas, les yeux comme dans le vide elle observe encore. Déjà les mots la dépassent, se bousculent et forcent le passage… :

Il y a cet homme le dos courbé, le regard sombre et fuyant enveloppé de silence qui semble couver ses soucis.

Il y a cette jeune femme qui marmonne inlassablement les mêmes mots, s’assoit résignée… ses traits tirés trahissent une énième nuit passée a dormir sur un banc. Elle semble puiser toute son énergie afin que le peu de dignité qui lui reste ne l’abandonne, tel un châle glissant de ses épaules.

Il y a ces trois hommes en treillis bleus estampillés « SECURITE », sillonnant le quai d’un pas sur, dévisageant les uns ou les autres, prêts à décaper, polir l’insécurité.

Il y a Jean Marc qui s’installe tout juste avec ses créations en fil de fer. Il a décidé que sa retraite ne l’isolera pas du reste du monde. Alors venir ici, plonger ses yeux bleus acier dans ceux d’un autre et parler pour se sentir vivant.

Il y a ces enfants joyeux, encadrés par leur instituteur, enveloppés d’un halo d’innocence.

Mais aussi cet homme plongé dans un livre, imperturbable, blotti dans cette bulle de mots.

Cette maman qui referme ses bras sur son bébé tel un voile protecteur.

Cet écolier souriant d’une oreille à l’autre, absorbé par son smartphone, les épaules chargées d’un sac trop lourd.

Ou cet homme, adossé au mur, qui la dévisage avec arrogance, pour se noyer dans l’hésitation lorsque leurs regards se croisent.

Ce concentré de vies lui semble un voyage jusqu’en zone de houle, pour ricocher sur une mer d’huile, puis rien… selon le regard qu’on y pose.

Une nouvelle rame de métro approche, elle monte avec cette sensation de ne pas être restée à la surface miroitante des choses… et si elle a grandi dans « le faire » et non « le paraître », elle espère ne jamais fermer les yeux…

Comme un instant volé au temps…

Madinina… La nuit qui tombe trop vite et reste en suspens dans l’air du matin.
La saison des pluies où le  soleil s’attarde dans la journée et se love dans la moiteur ambiante.
La chaleur qui vous enveloppe sans merci, et l’humidité de la pluie de toute une nuit goulûment absorbée : La couche de peinture sur la table en bois du jardin se décolle, la fine pellicule colorée se recourbe tel le ruban d’un joyeux cadeau, les pages d’un livre abandonné sur une marche de la terrasse se gondolent, le linge sèche à peine étendu, les éclaboussures des jeux d’eau sur la peau aussitôt envolées, les lèvres sèches jusqu’à se fendiller…

Arrive le temps de la « sixième heure du jour », comme un instant volé au temps qui s’écoule.
La voilà, séduisante, tendre, irrésistible qui vous appelle tel un murmure, une caresse… : LA SIESTE
Elle est comme une respiration dans le tumulte de la vie.

Dormir ? Faut-il occulter ce délicieux instant de paresse sous l’excuse : « Je n’ai pas le temps » ou « j’ai plein de trucs à faire »… ?

Au bord de l’eau, sur le sable, au pied d’un arbre, dans un lit ou le creux d’un hamac elle s’impose et vous vous abandonnez enfin.Vous vous abandonnez pour émerger vingt minutes ou deux heures après… sonné, vacillant, engourdi, encore à la lisière du sommeil, d’un souvenir, d’un rêve…

Je me souviens du plaisir gourmand à raconter des histoires, murmurer des chansons à mes enfants pour qu’ils rentrent dans la sieste parés d’images ou de mélodies. Et malgré moi mes yeux qui se fermaient…

Je me souviens d’une sieste volée par une tablée d’amis joyeux que je ne voulais abandonner…

Je me souviens de siestes enveloppées de bonheur…

Et vous …?

Et demain…

Un ciel lumineux et limpide, un soleil de plomb, une ligne de départ pour une course de relais.
Les pieds calés dans les starting-blocks, le témoin blotti précieusement dans la main, une goutte de sueur perle sur sa tempe pour marquer sa concentration, sa détermination.
Il aime ce silence qu’impose le soleil, comme à l’heure de la sieste au pays des cigales. Silence et vent de fébrilité, d’impatience planent sur le stade.

Le vent…
Il pourrait être les Alysées soulevant des ambruns vanillés, une bise enivrante annonçant le printemps ou le mistral si puissant, doté de ce caractère dominant tel la région qu’il traverse.
Il est tous ces vents à la fois…

Il y a son sourire, la couleur de sa peau, de ses yeux, mais pas seulement ! Il y a la façon dont il voit le monde, sa part de singularité, ses origines plurielles, son passé, son histoire, son sang, son nom, comme les morceaux d’un puzzle qui composent son héritage.

Cet héritage le définit avec puissance, il définit le cœur de son esprit.

Alors aujourd’hui, porté par l’ivresse de la détermination, de l’envie, il va courir pour transmettre le témoin, comme il rêve de transmettre sa culture, son histoire…
Transmettre pour donner des repères, des références, se forger une identité.
Transmettre pour espérer la continuité des siens et secrètement de l’humanité, riche d’expériences, de racines, de diversité.
Transmettre pour ne pas voire ce puzzle abandonné dans quelques vieilles boîtes au fond d’un grenier sans âme.
Transmettre pour lutter contre l’oubli.
Transmettre pour ne pas ressentir la douleur du vide, comme si on lui ouvrait la main de force pour lui prendre ce qui lui appartient.
Transmettre pour que ses suivants n’aient jamais le désir d’arracher ses racines auxquelles il tient et souffler dessus pour en ôter la terre.

Alors l’athlète lève les yeux vers l’horizon et furtivement effleure cet infini plaisir d’imaginer ses enfants, ses petits enfants porter ce témoin et le transmettre à leur tour.

Un éclat de lumière ricoche sur le starter…
3… 2… 1… Top départ !

 

 

Suite… Le regard d’un enfant – Petit d’homme

Un petit train en bois et le regard victorieux de ce petit d’homme haut comme trois pommes, qui vient d’achever le montage de chacune des pièces, pour qu’enfin la locomotive puisse avancer, pousser son sifflet à tue-tête et annoncer le top départ.

Une bulle de savon qui s’enfuit poussée par le vent, le regard émerveillé de ce petit d’homme qui tend les mains pour l’attraper.

Un tableau noir, une craie guidée par une main hésitante, le regard pétillant de ce petit d’homme qui achève la dernière boucle d’une lettre parmi d’autres pour dire « je t’aime ».

Un cornet de glace, comme une tâche de peinture sur les pavés, le regard débordant de larmes pour ce délice laissé échappé.

Les saisons se succèdent tel un éternel recommencement et son regard n’a de cesse de s’ouvrir aux petits bonheurs de la vie. Mais déjà ce petit d’homme vacille entre le monde de l’enfant et celui de l’adulte.

Elle est rassurée lorsque, encore, elle peut croquer ce regard d’enfant à travers son objectif, son crayon, ou juste garder précieusement dans sa mémoire :
Des petits riens ?

Des yeux rieurs et gourmands lorsqu’il dévore une barba papa,
Des yeux tendres et inquiets lorsqu’il prend soin de son chat,
Des yeux observateurs lorsqu’en été, buvant une boisson fraîche, son verre se colore de buée
Des yeux interrogateurs lorsque inlassablement … « dis maman… pourquoi? »

Des yeux… le reflet de l’âme.

Elle perd un instant l’équilibre lorsqu’elle l’accompagne dans un choix de vie pour qu’il s’épanouisse et que le meilleur s’en suive. Elle perd l’équilibre car elle craint que « flirter » avec ce monde d’adultes le fasse grandir trop vite.
Cette émotion comme lorsqu’on entend un bruit, qu’on se retourne et s’est déjà presque trop tard.

Cette émotion quand les choses semblent vous échapper…

Si son enfant grandi, elle doit grandir aussi … et juste être là.

Alors aujourd’hui elle marche… elle marche sous ce soleil d’hiver qui l’enveloppe pour la protéger de cette onde froide, tels les bras d’une maman qui délicieusement serre son enfant sur son coeur pour lui apporter chaleur, tendresse et amour.
Aujourd’hui son coeur bat la chamade car ensemble ils ont déjà grandi, qu’elle le sait fort de son héritage et de tous ces petits bonheurs de la vie qu’elle lui a appris.
L’héritage… l’essentiel n’est il pas ce que l’on en fait ?

Questions – réponses… n°2

Deux degrés, un froid pénétrant, un ciel chargé de flocons qui attendent le feu vert pour s’engouffrer dans une chute vertigineuse et venir se poser là où le ciel leur permettra…
Blottie devant la cheminée, enveloppée dans une chaleur rassurante, mon ordi sur les genoux, je lis et relis les quelques mails, messages reçus des visiteurs de Myopaname.

Voilà cinq mois que ce blog respire au rythme de mes émotions, plus de 5500 visiteurs au compteur, et j’avoues avoir refusé des commentaires, ignoré des mails de lecteurs, car parfois trop brutals, ou juste m’obligeant à m’aventurer sur un sentier fragile qui n’est pas l’objet de ce blog… Alors comme « d’hab », je m’autorise une pause, un temps de réflexion, pour peut être dire…

Des questions ? On me demande de m’exposer, de prendre position, est-ce que j’ai peur ? Est-ce que… ?
A chaque fois que je dépose un essai, je m’expose déjà, puisque j’y apporte mes nuances qui sont du domaine de l’intime. Il y aura toujours des lecteurs pour ne pas être d’accord, ne pas aimer ce que j’écris. Mais il y a aussi de délicieux retours et ne rien oser est certainement la route pour ne jamais savoir…
Mon Super Oncle AL1 me dirait certainement : « Myo, pour nager il faut se mouiller, l’eau est toujours un peu froide à la première baignade. Mais après avoir surmonté tes craintes, tu deviendras vite comme un poisson dans l’eau »

Alors j’imagine des yeux interrogateurs, des lèvres pincées, des sourcils froncés ou des sourires inquisiteurs. Dois-je être rassurée…?

Je me lance, hésitante, tel un plongeur qui prend sa respiration avant le grand saut…
Aie aie… comment dire l’essentiel, rester cohérente ?
Je choisis une ballade à travers ces dernières semaines pour laisser entrevoir des réponses.
Parler en général et en particulier…

Reprenons :

Fin 2014, instants partagés avec ma famille… sérénité et paix débordante.
Fin 2014, inondés par les médias de rétrospectives nous invitant à conclure si cette année qui s’achève a été difficile ou pas.
Non ! Pas de conclusion ! 2014 ne peut se résumer à une seule chose. Etre à la porte de 2015 ne signifie pas que j’en ai terminé avec hier. Le passé n’est il pas une référence ? Ne doit il pas nous apprendre, nous faire grandir, nous renforcer et surtout ne pas nous entraver pour l’avenir ?

1er janvier 2015, inondée par les précieux messages de ceux qui font ma force : famille, amis. Une question commune qui m’amuse : « Alors Myo… des résolutions pour 2015? »
Quoi ? Des résolutions ? Pour faire mieux ? Pour m’améliorer, me noyer dans les remords et la culpabilité… « J’aurais dû…! » … « Si j’avais su… »
Pour enterrer le passer ?
Non je ne suis pas fuyante et ne renie pas hier !
Alors juste accepter ce qui fait de moi ce que je suis aujourd’hui, telle la poutre d’une charpente pour renforcer l’édifice qui est LA VIE.

11 janvier 2015, des bougies pour fêter l’anniversaire de mon plus jeune fils. Des yeux pétillants, des rires et un regard d’enfant tourné vers l’avenir.
11 janvier 2015, place de la Nation à Paris, assommée par les attaques terroriste qui ont secouées tout un pays et telle une onde de choc tant d’autres pays…
Je marche dans cette marrée humaine qui vibre pour une même cause : LA LIBERTE
Je marche avec cette foule unie pour dire non à ceux qui assassinent et terrorisent au nom d’une religion dont ils se réclament en en violant l’esprit !
Je marche parce que profondément je me sens citoyen du monde et que je refuse toute forme de discrimination. #save freedom
Ce jour là en marchant je n’ai de cesse de rester concentrée sur ce hastag qui motive ma présence. Mais mon coeur est tiraillé par tant de questions : De quelle liberté parlons nous ? Y a t’il deux poids deux mesures ? N’est-ce pas la France, les Etats-Unis et l’Allemagne qui ont bombardé les bâtiments de la RTS (équivalent de TF1 en France) à Belgrade en 1999… « cible militaire ? » Résultat : 16 journalistes tués.

18 janvier 2015, Place du Trocadéro à Paris, réunis pour dénoncer les exactions des extrémistes qui sèment la terreur au Nigéria et au Cameroun. #save freedom.
Bien moins nombreux que le 11 janvier… pourquoi ? Une information à deux vitesses ? Avons nous oublié le Rwanda ? L’histoire n’a pas de mémoire ?
En lien avec quelques « happy few » de l’humanitaire, suis-je plus informée et sensibilisée ?
Non ! Je n’espère pas me donner bonne conscience en m’unissant à la foule, mais je peux devenir un lutteur infatigable face à l’insoutenable et l’injustice.

19 janvier 2015, Café de l’Olive dans le 18è à Paris. Une ambiance chaleureuse, un café partagé avec des « New Zélandais » et amis. Un instant authentique qui fait du bien.
19 janvier 2015, Martin Luther King Day.
 Inondée sur les réseaux sociaux de rappels à ses Grands Discours qu’il me semble connaitre par coeur pour les avoir lus et relus plus jeune. Inondée par les commentaires de ceux qui s’approprient ces mots pour réveiller les consciences ou leur propre conscience…
Un jour de commémoration pour dépoussiérer les photos et discours de ce Grand Homme, restés au fond d’un tiroir ? Un jour de commémoration nécessaire pour nous rappeler cet héritage fait de lutte contre l’injustice et pour la paix. Ce jour vient étrangement en réponse à ce que la haine et la violence ont produits ces derniers jours…

Les jours suivants défilent avec ce je ne sais quoi d’indéfinissable dans l’air…

Dans les couloirs du métro, escaladant les marches quatre à quatre, je trébuche… franche rigolade… des mains se tendent. Des mains accompagnées d’un sourire, un clin d’oeil, un mot gentil. A cet instant, ce geste ordinaire et bienveillant est porteur de sens.

25 janvier 2015, un dimanche ordinaire tout en simplicité, un mail des « wonders » pour envisager un dîner … je me réjouis d’avance car elles me manquent.

30 janvier 2015, un jour particulier, une grande première : j’anime un groupe de parole sur la foi… celle dénuée de toute religion, celle qui repousse le doute, la crainte, la lâcheté, celle qui cultive l’humilité, la raison, la compassion. Partagée entre force, assurance et fragilité, j’ai l’impression de marcher sur des oeufs. Serais-je à la hauteur ? Chacun des participants semblent vaciller avec moi. Je me ressaisie, respire profondément, commence par un sourire. Je suis là….

Wow ! Janvier est un concentré d’émotions sans mesures. Le voilà déjà en train de prendre la poudre d’escampette pour laisser février nous embarquer.

Alors pour 2015 ? Choisir un mot qui en serait l’étendard… Les mots se bousculent : la paix, la foi, la liberté…
Je crois en L’amitié, la sincérité, la liberté
Je crois au respect, l’honnêteté, la tolérance
Je crois en un monde meilleur
Alors l’évidence vient me chatouiller avec un mot : WHOLEHEARTED
L’AUTHENTICITE sans réserve,
S’engager pleinement dans la vie tout en acceptant d’être vulnérable.
S’engager dans le présent et poursuivre son chemin avec le bonheur d’être avec ceux que j’aime et qui me le renvoient sans négociation aucune.
Le bonheur d’être, quelque soit mes doutes, mes défauts (défauts que vous devinez entre les lignes de ce déroulé) et me dire que chaque jour est un cadeau.

Et si demain était une… porte

Janvier 2015
Une journée ordinaire…

Son sac mis en bandoulière, ses dossiers sous le bras, un dernier coup d’œil dans le miroir, elle souffle sur sa frange levant les yeux au ciel…
Reste à traverser le couloir enveloppé d’une lumière chaude, fermer la porte et se précipiter dans l’air du temps, dans le rythme tourbillonnant de Paname…
Contemplant un instant ce couloir doté d’une ambiance de film, elle s’octroie un arrêt sur image : Dans une légère pénombre, les rayons du soleil striaient le corridor de traits réguliers mettant en lumière les milliers de particules en apesanteur. Baignant dans un clair-obscur, les nuances de cette lumière contrastante soulignaient les portes affleurant les murs qui les encadraient.

Les portes…
Plus elles sont vieilles et plus elles portent les louanges ou les outrages du passé, les bienveillances ou les colères de ceux qui les ont poussées.
Combien de vies, de destins s’y sont succédés…?

Non, nul besoin de soulever la poignée ou de toquer… ces portes là invitent à un voyage :
Symboliquement, elle s’avance devant la première, fébrile de ce que son imaginaire lui commandera.
A peine entrebâillée, le silence précieusement gardé vient l’envelopper. Ce silence qui fait du bien à l’âme, celui qui autorise à se livrer comme dans un cloître où l’on se recueille. Ce silence, où la raison, empreinte du passé, des expériences, des intuitions, s’efface pour laisser l’âme en paix.

Délicatement, elle se plaque contre la suivante : Des murmures d’enfants terminant en éclats de rire, le bruit sourd d’une bataille de polochons… tel une bouffée d’innocence et de souvenirs.

Forte de ce bien être, elle court rejoindre une porte usée par le temps, sculptée avec soin, empreinte de la main de son ébéniste : Derrière, une seule bougie vient éclairer la pièce, soutenue par le feu de la cheminée qui crépite. Les ombres des flammes viennent habiller les murs et caresser la silhouette d’un vieil homme. IL est la sagesse. Il est celui qui a appris de la vie. Il lève les yeux sur elle, elle lui renvoie un sourire car elle sait déjà que la sagesse commence par la connaissance de soi et signifie la fin de ses craintes, forte de l’amour et de l’amitié de ceux qui l’entourent sans négociation aucune…

Une grande respiration et la voilà devant une porte multicolore qui lui ressemble : Sans hésitation elle la pousse. S’échappent alors des parfums qui annoncent le voyage, qui la renvoient à ses origines qu’elle porte si fièrement. Et s’il n’existe pas dans le ciel deux flocons de neige identiques, elle sait qu’elle sera toujours la différence d’un autre. Cette même différence qu’elle cultive pour enseigner aux siens la tolérance et le respect de la diversité. C’est si grisant de côtoyer d’autres cultures et de partager…

Un courant d’air chaud l’attire. Elle résiste et décide de ne pas tourner la poignée. Délicieusement, elle s’adosse contre ce bois qui semble respirer, vibrer.
Tour à tour, parfum de pluie, de sable chaud, herbe gelée, onde glaciale ou Alysée viennent chatouiller ses sens. Ce sont les saisons… Un frisson de plaisir vient la secouer, elle voudrait toutes les embrasser.

Dans un grand bruit ses dossiers viennent de lui échapper pour s’éparpiller sur le sol.
A la hâte elle les rassemble car il est temps.
Il est temps d’ouvrir la porte de la maison, de filer droit dans le tumulte, les bruits, les lumières de l’air du temps de 2015.

Et si cette nouvelle année lui semble une porte massive chargée d’inconnues, c’est avec assurance qu’elle devrait la franchir…

Le regard d’un enfant…

Décembre…

Assise, le front contre la fenêtre, elle scrute le ciel blanc prêt à inonder de mille et un flocon, Paname en ébullition.
Elle reconnaît ce silence, cette couverture froide, cette ambiance sonore sourde et cotonneuse qui annonce la neige.
Timidement quelques points blancs virevoltent pour finalement tomber avec force et couvrir le sol.

Tel un cadeau, la promesse d’un vœux, elle ferme les yeux un instant pour que lorsqu’elle les rouvrira la magie soit encore là…

Du fond de sa mémoire ce grand tapis blanc ravive des souvenirs :
L’enfance… tout le mystère de l’innocence magique dans un sourire, un éclat de rire, une grimace ou des larmes.
Ce blanc scintillant… aussi beau que l’aurore après l’orage, aussi doux que le regard d’une maman sur son enfant.

Le tintement d’une clochette, une boule de Noël tombée du sapin et un tendre baiser viennent la réveiller et la sortir de ses pensées. Voilà plusieurs semaines que son fils s’émerveille devant les lumières qui habillent les rues, mais cette fois-ci ses yeux pétillent : il neige !

Elle le contemple délicieusement.
Elle voit un monde jeune dans le regard de son enfant.
Il est comme un livre ouvert doté de pages blanches prêtes à être écrites.
Il ignore tant… tout est découverte et expériences nouvelles.

Elle se souvient de ses éclats de rire lorsque bébé il touchait son pied pour la première fois et découvrait que c’était le sien. Elle se souvient de son émerveillement de voir s’envoler les graines de la fleur de pissenlit tel des milliers de parachutes ou son enchantement devant une bulle de savon.
Elle se souvient de ses mots d’enfant : « Oh maman un « courant d’aile ! » », alors qu’une porte avait claqué poussée par le vent…

Il a cette lumière qui fait d’un regard, un sourire une caresse, une étoile fragile et unique tel un flocon de neige.
Tant de petits riens qui illuminent celui qui découvre.

Alors elle fait un vœu, celui que son histoire nourrisse pour lui la lumière d’un avenir qui ne soit pas juste un espoir mais une réalité dans laquelle il sera heureux.
Elle souhaite que ce qui a été vécu ne l’ait pas été en vain.
Elle est certaine que chacun est porteur d’une parcelle d’éternité car l’avenir est en chacun de nous…
Mais elle sait aussi que l’innocence s’effeuille au rythme des années et de l’expérience.

Alors si aujourd’hui il neige, elle savoure ce délicieux instant où son fils parti à la rencontre de ces milliers d’étoiles, respire le bonheur de l’instant présent.

A mes enfants, Stevan et Corto

Mystère et boule de gomme…

Qu’il est bon cet instant où au levé du soleil elle savoure un café, adossée au cèdre centenaire de son jardin.

Elle retient un fou rire déclenché par une coccinelle qui a élu domicile sur son pied nu et qui s’acharne dans une ascension interminable jusqu’à ses orteils.

Non, aujourd’hui elle ne chaussera pas ses pointes de danseuse, ni ses chaussons de modern jazz, ni ses baskets pour courir… juste ses pieds nus dans l’herbe.

Journée off !

Elle ferme les yeux pour les rouvrir aussitôt, surprise par son chat qui vient glaner quelques caresses.

Finalement, coccinelle et chat sont repartis pour d’autres aventures et la voilà seule face au « silence » de la nature, comme un temps suspendu à l’infini.

A cet instant elle se sent comme l’invitée du jardin, elle se sent observée…

Quoi ? N’est-ce pas elle qui s’aventure à l’observer habituellement ? N’est-ce pas son rituel de venir contre ce vieil arbre pour épier ce petit écrin de verdure ?

Tel un passant d’un jour qui découvre un détail, une surprise…

Parfois même, elle le croque, l’esquisse sur son carnet ou le soumet à l’œil de son objectif.

Mais chut ! Aujourd’hui c’est le silence de la nature qu’elle veut écouter !

Quelle contradiction ! Ecouter le silence !

Elle se dit que la nature n’est ni aveugle, ni muette, ni silencieuse. Que les paysages de son enfance, le chemin devant la maison où elle a appris à marcher, le bois, l’océan, le sable où elle a joué s’en souviennent encore.

Elle n’ira pas jusqu’à dire que le mur où des générations d’écoliers ont lancé le ballon se rappelle…

Mais elle est heureuse à cette idée, car il y a des instants oubliés qu’elle imagine blottis dans la mémoire de Dame Nature.

Et si cette grande dame devient son alliée, c’est à elle qu’appartient cet infini bonheur du souvenir de toutes les caresses et baisers donnés par sa maman, son papa, sa sœur… celui si puissant en sensations et chaleur de la peau de ses enfants sur la sienne à leur naissance… ou celui si délicieux lorsqu’assise sur la rive d’un lac avec eux, ils refaisaient le monde en se gavant de myrtilles.

Ces souvenirs si vivants dans son esprit aujourd’hui le seront encore demain, et elle sait que comme pour Dame Nature ils seront les rides de son âme. Pourquoi cette certitude ? Mystère et boule de gomme… juste elle sait.

Ici… photo de Myo et ses enfants d’amour                                                                         IMG_1024.JPG

Parfum de pluie…

Elle a toujours adoré ouvrir la fenêtre de sa chambre après une averse d’été et profiter de l’air frais qui caressait son visage.

Assise, le menton blotti entre ses genoux, elle observait la nature s’éveiller devant elle :
Les gouttes d’eau accrochées à une toile d’araignée telle une étoile de Noël prête a scintiller, le ciel bleu acier imposant un clair-obscur a couper le souffle, les rayons du soleil traversant cet édredon de nuages pour effleurer et éclairer de ses longs doigts fins la nature frémissante.

Dans sa chambre flottait encore l’odeur de la pluie qui s’était posée délicatement pour s’évaporer l’instant d’après.
Le parfum de l’oranger du Mexique se mêlait en douceur à celui de la pluie, de la terre humide.
Elle se sentait enivrée, légère et emplie de bien être, ses émotions étaient aussi contrastées et multiples que le ciel.

Ce parfum de pluie est sa porte ouverte aux souvenirs, ceux qui s’immiscent dans son esprit avec délice, car ces souvenirs là font du bien.

Alors elle observe encore, respire profondément, finalement ferme les yeux pour laisser venir encore.

Bien des choses passent mais le parfum reste, comme un goût d’éternité. Il a ce pouvoir extraordinaire de faire surgir du fond de la mémoire des instants oubliés, des lieux, et de raviver la présence des personnes aimées.

Oui, elle aime ce parfum de terre sucrée, musquée, qui annonce l’arrivée du soleil. Ce parfum qui l’enveloppait enfant pendant la saison des pluies à Madinina chez sa Grand-Mère.
Et le voyage reprend : Sa grand-Mère est là debout dans la cuisine à faire griller des grains de café, chuchotant une mélodie joyeuse. Elle se retourne, lui sourit, amorce un clin d’œil, une grimace, s’en suit éclat de rires, câlins et millions de baisers.

Elle ne veut pas laisser s’échapper cet instant, elle veut le prolonger, respire encore lentement et profondément pour que blottie dans les bras de sa Grand-Mère, ce merveilleux voyage sensoriel ne s’évanouisse pas : Et ce parfum de pluie flirte avec la citronnelle, le café, la mangue, la terre humide, la cannelle, le vétiver, le patchouli, la vanille…

Elle est tellement attachée à ses notes simples de son enfance garantes de son humeur joyeuse.

Un Alyzé… non juste une brise, soulève quelques gouttes d’eau qui viennent ruisseler sur sa joue jusqu’à perler sur ses lèvres.

Elle sourit, elle rit :
Aujourd’hui Myo est apaisée, elle s’est réveillée dans un sourire et elle sait qu’elle s’endormira dans un joyeux souvenir.

Ici… photo de ma grand-Mère paternelle

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Comme une pomme…

 

Septembre, ce mois où la douce saison de l’été joue les prolongations, où le soleil caresse encore sa peau…

 
Septembre, ce mois qui rime avec « reprise » : Les écoliers qui se bousculent, les étudiants nonchalants, les travailleurs pressés, ceux qui courent après leur bus…
Elle a décidé que rien n’affectera son humeur et que si elle n’attrape pas ce métro, ce sera le suivant.
Que son pied nu plongé dans une flaque d’eau finira bien par sécher.
Que le sourire arraché à la boulangère, c’est toujours ça de gagné.
Que le chien qui vient de tacher son pantalon avec ses pattes humides pour lui dire bonjour, a bien eu raison.

 
Elle est une femme joyeuse, volontaire, indépendante, présente sur tous les fronts a croquer la vie comme on croque une pomme.
Elle est une maman, celle dont on se souvient la main douce et fraiche portée sur votre front quand enfant fiévreux vous cherchiez le réconfort. Celle qui prépare les tartines du petit déjeuner avant que la journée annonce son coup d’envoi.
Elle est l’amie qui partage des instants futiles, joyeux, mais aussi les pleurs quand tout déborde.

 
Septembre, ce mois où un mot doit violemment rentrer dans son vocabulaire : Le cancer… le crabe !
Le jour où il s’impose à elle, ses sentiments oscillent entre interrogation, inquiétude et incrédulité.
Sa tête tourne, les mots se bousculent, elle croit chavirer, elle se ressaisit.
Commencent alors mille et une requêtes sur internet pour en savoir plus. Elle se retrouve dans tout ce qu’elle lit. Parfois emportée dans des détails optimistes, parfois non… les questions s’enchainent, les angoisses aussi.
Elle craint les réponses évasives, les contradictions, mais tout finit par s’éclaircir, se confirmer et vient le moment où il faut enfiler ses bottes de soldat, débusquer ce fauteur de trouble et le chasser !
Elle sait qu’il ne disparaitra pas, par la seule force de sa volonté, que ce redoutable traitement, ce protocole médical sera son allié et peut être même son héro…
S’enchaînent les jours sans, où il faut se faire violence pour avancer et ceux où l’envie est là… l’envie, ce fameux moteur de l’existence.

 
Elle prie Dieu, Yahvé, Shiva, Bouddha…
Elle remercie son oncologue, les chercheurs…

 
Elle se concentre sur ses enfants et veut leur montrer que la vie est faite de petits bonheurs a savourer, qu’il faut foncer, être acteur, ne pas perdre de temps. Elle a conscience de la fragilité de chaque instant, que ceux partagés avec famille, amis gagnent en puissance : les tendres « hug », les sourires, les disputes, les fou rires… sont comme un bouclier qui la rend plus forte.

Le temps a passé, et aujourd’hui face au miroir elle scrute son visage, et découvre quelques rides qui sont là comme pour confirmer que c’est elle qui a gagné !

 

Dans la rue elle prend le temps d’observer toute cette agitation :
L’enfant qui tire sa maman pour l’entrainer dans le square ; l’homme qui trébuche et se rattrape in extremis à un lampadaire, ou celui qui réajuste sa cravate dans le reflet d’une vitrine ; la vieille dame qui traverse si lentement que les voitures impatientes la klaxonne à tue-tête…
A cet instant elle savoure cet infini plaisir nourri de petits riens, elle a aussi envie de crier « Towandaaaaa », cri de guerre dans ce film qu’elle affectionne tant « beignets de tomates vertes », comme pour signifier qu’elle est vivante.

 
Oui chaque jour est une vie… elle le sait, et elle la croque comme on croque une pomme.

 

A la femme, la maman, l’amie…
« On traverse cette vie comme le vent sur le champs de blé, parfois chaud et étouffant, tantôt violent et pluvieux, parfois même telle une brise il caresse à peine les tiges de peur d’en perdre quelques unes »
Benhamada Nawel

Photo de Myo prise par son plus jeune fils
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Question – réponse…

C’est décidé, je veux ouvrir un blog pour y poster mes mots, mes coups de cœur, mes coups de gueule, mes impatiences…

Fébrile devant mon écran d’ordinateur, je compose mon pseudo : MyoPaname
Myo, ce petit nom que je porte depuis ma plus tendre enfance.
Paname, ce fameux Paris si riche en couleurs, différences et cultures. Cette ville qui m’avait adoptée alors même qu’elle ne m’avait pas encore séduite.

A l’instant précis où victorieuse j’annonçais que j’écrivais sur un blog, des yeux interrogateurs me demandaient plus : «Pourquoi écrire ? Pourquoi un blog ?»

A cela une seule réponse me satisfaisait : « Pourquoi pas… !? »

Cette réponse ne suffisait pas…
Ces yeux interrogateurs attendaient encore et me reprochaient de me débarrasser de la question dans ce « Pourquoi pas… !? »

A cet instant, je pense à mes enfants qui obstinément m’ont souvent demandé : « Dis maman, pourquoi… ? »

Et les yeux interrogateurs finissent par s’amuser de mon embarras, ils cherchent du sens. Il me faut trouver mieux comme réponse ! Je leur souris, car je sais déjà que mes prochains mots seront la réponse… en tout cas, un essai.

Alors pourquoi ces mots sur ce blog ?

Pour ne pas oublier…
Mais ne pas oublier quoi ?
Des émotions, des instants joyeux, électrisants, puissants…

Comme un cadeau de la vie, l’écriture est devenue « mon évidence », mon alliée dès mes seize ans. Pour mieux me comprendre, me découvrir, répondre à mes interrogations, sortir de mon isolement et ne rien perdre.

Mon moteur : les émotions… toutes les émotions.
La joie, la peur, la colère, le vide ou le « trop plein »…
Comme un exutoire, une délivrance, un moyen de laisser vagabonder mon esprit à son gré, parce qu’à chaque fois je me libère dans la créativité, la fantaisie, les jeux de mots.

Plus jeune, une action solitaire pour me révolter ou prier, et quel délice maintenant de m’évader à travers « de petits rien », d’habiter un personnage ou juste de traduire des sensations et ne pas rester dans le vague.
Longtemps gardé pour moi, j’ai décidé de partager parce que j’ai appris la confiance en moi, probablement aussi parce qu’effleurer humblement l’idée de pouvoir faire rire, pleurer, sourire, l’idée de ne pas laisser indifférent est savoureuse, mais aussi et pour beaucoup encouragée par ma famille et mes amis.

Ecrire parce que peu importe la langue, le pays, la religion, la culture ou la qualité de l’expression… quand on écrit on a le pouvoir de toucher ou pas, le pouvoir de changer et de gagner en liberté !

En laissant les expériences, les émotions me submerger suffisamment jusqu’à les écrire, j’oublie mes préoccupations quotidiennes et mon investissement dans les mots prend peu à peu du sens. Sérénité et liberté y sont ma victoire… comme un long fleuve tranquille.

 » Ecrire, c’est affronter un visage inconnu de soi »
Edmond Jabès

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Dans la peau d’une autre

Aujourd’hui est un jour joyeux, débordant d’échange avec son fils ainé.
Parfois intense, parfois légère, leur conversation fleurte avec des sujets qui lui démontrent son ouverture d’esprit et son intérêt pour les autres.
Elle a le privilège de pouvoir lui partager ses expériences de la vie et d’écouter les siennes toutes frémissantes.
Leurs réflexions alternent entre fou rire, interrogations et points de suspension…

Leur imaginaire recueille une ovation face au thème de l’image que l’on renvoie à l’autre :
Dans la rue, le métro, à l’école, à la fac ou au travail, c’est bien trop souvent notre apparence physique qui est considérée, jugée.
Notre apparence conditionne t’elle nos relations aux autres ?
Est-elle le reflet de notre personnalité ?
A t’elle une incidence sur notre destin ?
Mais ne dit-on pas : « l’habit ne fait pas le moine » ou encore « Les apparences sont parfois trompeuses » ?

Son fils répond finalement à leurs interrogations sur l’apparence physique en lui offrant une « expérience » : troquer un instant son regard noir contre un gris lumineux et énigmatique.

La voilà donc face au miroir, écarquillant les yeux afin d’y déposer ces fameuses lentilles grises, sésame peut être d’un autre “moi”.
Ils rient de cette situation, elle pleure d’obliger ses yeux à accepter cet objet étranger.
Finalement, elle lève les yeux sur son reflet : « Oh qui est donc cette femme qui me regarde ? »
Elle se jauge, se détaille, se sourit, fait des grimaces…
L’instant d’après son esprit l’interroge : « Si j’étais un autre “moi” à travers cette nouvelle apparence, cela me reposerait-il ? Est-ce que mon esprit serait roi ? Est-ce qu’enfin je dormirai comme un bébé ? »
Elle a souvent imaginé échapper à ce “moi” parfois trop encombrant, exigent ou même épuisant pour ce qu’il lui impose. Entrer dans la peau d’une autre qu’elle imagine plus forte, plus heureuse, plus… tout !

Alors face à ce miroir le grand voyage commence, car pouvoir être une autre en changeant son apparence c’est avoir tous les êtres à sa disposition. Devenir qui elle veut à son grès, et expérimenter ce qu’elle n’est pas.

Le lendemain elle part flâner dans les rues de Paris. Elle marche le temps qu’il faut pour s’imprégner de son nouveau reflet et prendre de l’assurance.
Elle s’arrête à une terrasse de café, prend le temps de choisir sa place, de discuter avec le serveur afin que son arrivée oblige les habitués, les personnes absorbées dans une conversation, une lecture une rêverie à furtivement jeter un regard sur elle.
Elle s’assoit enfin et résiste à l’envie de prendre ses lunettes de soleil. Finalement elle sort un livre et se concentre sur sa lecture… Son café terminé, elle reprend sa ballade dans Paname, avec juste cette sensation d’un regard posé sur elle.
Le jour suivant, à la même heure, elle revient dans ce même café, même rituel : elle choisit sa place, parle au serveur un instant et s’assoit pour siroter un verre. Elle sent clairement qu’on la regarde discrètement et respectueusement sans oser l’interrompre. Est-ce son gris énigmatique qui a captivé ?
Elle part avec cette interrogation…
Le troisième jour, très appliquée à son petit rituel, elle aperçoit l’homme au regard sur elle… ou plutôt l’autre “elle”.
Elle le remarque par sa retenue, son élégance et oui… son physique !
Finalement il s’approche lui disant des banalités pour lui signifier son intérêt. Pas un instant il n’abandonne ses yeux.
Alors elle sait déjà que demain il sera là…

Comme un bout de vie ordinaire qui frémit à feu doux, elle l’attribue à cette nouvelle apparence qui lui a donné la liberté d’être une inconnue insaisissable.
Mais sa conscience lui dit également qu’en se glissant dans un autre “moi”, il y a une chose qu’elle ne retrouvera pas : “L’innocence”… celle-là même qui la libèrerait de son destin et la ferait vraiment sentir une autre.

Peut-on échapper à son destin ?

Probablement que l’on peut arrêter de marcher contre les vents, arrêter de les affronter, pour marcher avec les vents contraires.
Etre une autre ne sera jamais qu’une parenthèse, et elle ne peut nier ce qu’elle est avec toutes les complexités et les différences qui font sa richesse.

Ici  autoportrait de Myo avec des lentilles grises pour expérimenter… « dans la peau d’une autre »
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Intuition d’un jour…

C’est un de ces matins d’été où la pluie battante qui  a cessée, rafraîchie et parfume l’atmosphère.
Un de ces matins où les rayons du soleil jouent timidement avec les gouttes d’eau pour inonder le sol d’éclats scintillants.
Oui… ce fameux soleil qui lorsqu’il est là, vous enveloppe chaleureusement et vous dit qu’il ne faut pas laisser glisser des doigts les instants de joie qui s’offrent à vous.
Un de ces matins où enfin le réveil n’a plus besoin de hurler et laisse place à la mélodie des vacances.

Je dévale les escaliers pour échapper au temps, trébuche, mon pied glisse sur le sol humide et me voilà allongée de tout mon long.
Je scrute le sol encore ruisselant et ris de moi.

Aujourd’hui armée de mes bottes de soldat et de mes intuitions, ce n’est pas une petite chute qui aura raison de moi !

Justement mes intuitions… parlons en !
Elles me chatouillent bien souvent depuis quelques jours, tel un leitmotiv : un mot différent, une attitude inhabituelle et voilà « Miss Intuition » qui allume ses warnings.
Est-ce mon sixième sens ? Un complément de ma raison ?
Faut-il l’ignorer…ou pas ?
Je la considère comme ma petite passerelle quotidienne entre la réalité qui m’entoure et mes évidences, mes certitudes…
Alors cette faculté, je tente encore de l’apprivoiser pour que ma vie ne soit pas juste le fruit du hasard.

Mais un de ces matins d’été, je n’ai rien écouté car mon instinct était étrangement menaçant…
Ce matin là, j’ai goutté au vertige de laisser s’échapper un infini bonheur.

Pour nos subtiles nuances…
Pour nos doutes…
Pour nos complexités…

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Coup de coeur coup de gueule d’un jour…

Non il n’y a pas une échelle des peines ou des douleurs, et oui il y a d’autres tragédies qui se produisent chaque jour dans le monde sous nos yeux, qui ne susciteront jamais l’impact médiatique que l’enlèvement de ces jeunes filles du Nigeria. Des milliers de femmes sont maltraitées, violées chaque année… ( faut il citer toutes les horreurs du monde) Dans certain pays ces même femmes se heurtent à une police et un système judiciaire misogynes et corrompus. Alors oui j’aimerais voir des hashtags #Save…. de soutien naitre plus souvent. Pour dire que nous sommes citoyens du monde et que nous refusons ! J’assume mes prises de paroles, et à travers mes actes je ne gagne aucune satisfaction personnelle. Non je n’espère pas me donner bonne conscience… En revanche j’ai conscience que face à tout cela l’ennui et le désintérêt gagnerons ceux qui ont agit à leur mesure et les autres … IMG_9071.JPG

Sun is back…

Du vieux en marcel, au jeune en RTT qui tombe la veste, de la plage de Lacanau à celle de Nice, ou d’ailleurs encore…
On sent poindre une renaissance collective, un come back partagé…
Contre toute évidence l’anthousiasme le plus pueril prévaut… !
La tradition nous pousserait elle a exposer nos peaux nues au soleil et nos gosiers assoiffés a des boissons sans faux col…?
Pourvu que ça dure…

Bienvenue chez nous Monsieur Soleil.

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