Décembre, un jour…

Le vent qui s’enfle comme un cri,
Le ciel qui ploie, jusqu’à dégringoler, les nuages piégés dans les branches dénudées, comme des « échevelures ouatés ».

Elle embrasse l’horizon de ce regard qui veux apprendre… toujours prête à s’étonner, se laisser surprendre.

7h30, agglutinés dans le métro, au bord de l’étouffement, elle n’en peut plus d’attendre de sortir pour éprouver le choc du vent glacé et respirer à plein poumon.
4 C°, et cette vague glaciale qui transperce ses vêtements jusqu’à caresser sa peau sans préliminaires.

Dehors, cet homme qui se laisse choir sur un banc.
Un soupir que personne n’entend, un regard vide qui trahi les nuits sans sommeil et tout autour, ce halo d’indifférence comme un jugement à son encontre.
Mais il est là devant elle avec son regard comme une prière.
Mais elle est là devant lui comme une étrangère devant une porte ne sachant si elle est la bienvenue.

Il la détaille, elle s’émiette sous ses yeux, aussi vulnérable que lui.
Il tente un sourire aussitôt déchiré en grimace, mais l’invitation est là.
Alors elle guette ses mots tels de petits nuages pour les recueillir.
Alors il murmure pour que les mots accueillent la confidence, l’intimité à partager.

Seules les consonnes affleurent, le reste se devine…

Une succession de phrases trouées de silence pour lui apprendre qu’il vit dans la rue depuis 6 mois, et que ces 6 mois c’est comme 100 ans !!!
Il lui apprend ses bonheurs, ses déséquilibres, ses embardées. La prend à témoin de sa chute… prend à témoins les passants qui s’écartent gênés ou juste pressés.

Tout son corps réagi : « Je ne suis pas une chose privée de respiration et d’esprit… !!! »

Il parle d’avant, d’une autre vie.
Dans un cri muet, dit sa colère contre l’injustice, la société mais aussi contre lui même.
Il rêve d’une vie qui ne boîte plus.
Il rêve de dormir pour oublier le froid, pour oublier tout court.
Elle disparaît un instant pour revenir avec un café brulant, l’enveloppe de mots, étreint ses angoisses pour l’apaiser et finit par se raconter elle aussi…
Des mots et surtout des maux partagés pour gommer les particules de l’anonymat et apaiser encore…

9h00, ce temps si ténu, tendu comme une virgule fragile, prêt à tout rompre, qui la rappelle à l’ordre.
Elle doit le quitter, lui, ses 26 ans, sa singularité, ses forces, ses faiblesses, et sa rage de vivre blottie tout au fond, prête à sortir pour mordre à l’espoir… il suffirait d’un signe !

A cet instant, il n’y a plus de place pour les mots, à peine pour respirer, alors un soupir suivit d’un sourire…
Elle finit par s’éloigner avec ses mots partagés, serrés tout contre elle, sans égarer la moindre confidence.
Se retourne joyeusement vers lui : « Tu as la vie à portée de main et ça ce n’est pas une imposture ! »

Voilà toute la naïveté dont elle s’était vêtue comme d’un châle au parfum de sécurité : Des mots, un sourire, de l’attention et des actes comme un baume aux maux… avec un zeste de magie de Noël !

La vie c’est beaucoup trop pour être insignifiant…

L’été,
cette saison où les minutes s’allongent pour retenir chaque seconde et se blottir dans l’instant présent,
juste se soumettre au délice du soleil et regarder la terre engourdit de chaleur.

L’été à Paname…
C’est la tempête de ciel bleu, les pavés brulants, les murs éclaboussés de lumière.
C’est l’éphémère tels des pétales entrainés dans une fuite, une inquiétude ailée.
C’est la quête du moindre raie d’ombre dans l’intimité des murs, les portes cochères, le velours vert des feuillages.
C’est le saule pleureur de l’île de la Cité, les feuilles tombant dans l’eau comme autant de reproches muets à notre terre vieillissante.
C’est cet instant bref et fort lorsqu’une nuée d’oiseaux prend son envol dans une explosion d’ailes et de soleil.
C’est le marchand de ballons, accroché à sa grappe multicolore, provoquant l’envie des enfants dans un écho sans fin.
C’est…

Aujourd’hui aux portes de l’automne, le soleil tardif rejoins le firmament nuageux dans une déchirure couleur souffre…
Finit la belle saison !?
Finit les chaudes et délicieuses matinées à errer sans autre but que la sensation fugitive de l’instant présent !?

Déjà le jour est entré dans sa maison pour la pousser dehors.
La voilà qui court comme pour vivre la prochaine minute avant celle du présent…!

Emportée par le flot dense et désordonné, elle sait bien que Paname est là pour imposer toujours et encore son rythme à toutes ces vies qui se croisent. Des vies pour faire émerger une étincelle parfois saisie à la volée ou dissipée comme un nuage de lait dans un café.

Aaaah si les secondes étaient plus espacées, elle pourrait se faufiler, s’échapper, les devancer…

Elle se fraye un passage dans le brouhaha épais.
Enivrée… tout à coup cette nausée qui coince le cœur dans la gorge, cogne contre ses tempes et l’immobilise.
STOP !!!

Aussi discrète qu’une virgule dans un roman de 500 pages, elle envoie un sourire comme une brèche dans l’anonymat.
Une main tendue et son cœur prêt à exploser comme une gerbe de confettis.
Une rencontre improbable dans la banalité d’une journée d’automne, provoquée par l’audace d’un sourire…
Dans leur regard, le temps s’éternise comme un long discours, jusqu’à prendre l’allure d’une lente succession de secondes prétentieuses.
Il la regarde comme si elle était une effraction à la réalité.

Le tumulte des klaxons,
La sirène des pompiers pour leur voler leur instant…

Elle se détourne avec cette envie de respirer le monde à plein poumon, refusant de regretter, d’oublier cet instantané de vie.
Elle sait déjà qu’elle le rangera comme on pli un vêtement et le serrer dans un placard avec tout ses souvenirs.

La vie ce n’est pas seulement respirer, c’est avoir le souffle coupé…

Premiers mots volés à Charlie Chaplin
Mots de la fin volés à Alfred Hitchcock

Un sourire, un mot… des vies

Le ciel, le sol et la pluie qui ne forment qu’un, pour se fondre en une pellicule scintillante.
Le silence comme s’il sanglotait …
Instantanément, la pluie qui cesse et le soleil qui fait son entrée, comme s’il baillait après la sieste.
Le délice de cette lueur de l’aube qui se faufile dans sa chambre, rampe jusqu’à elle pour caresser son visage et la réveiller.

Elle se lève, ouvre la fenêtre, livrant la pièce à ces rayons matinaux qui tiennent la promesse d’une journée radieuse…
Une lumière cuivrée, douce, presque vivante qui vient l’envelopper pour un « Bonjour …».

Emmaillotée dans un châle, elle regarde l’horizon comme on regarde une affiche de cinéma… ses pensées font du bruit :

Il y a Dame Nature, s’ébrouant encore sous la respiration du vent pour émerger de son sommeil.

Il ya cette femme qui marche seule dans la rue, la vie devant elle et chacun de ses pas qui ressemblent à des mots qu’on ne prononce pas. Il lui suffirait de les guetter pour les recueillir comme on reçoit une confidence.

Plus loin il y a cet homme qui parle si fort que même ses mots les plus courts semblent ornés de voyelles supplémentaires. Pourtant il sait que sa voix ferme ne franchira pas le barrage du sourire de celle qui l’écoute. Ce sourire qui appelle le meilleur en lui…

Et puis cet enfant qui a trébuché pour s’étaler de tout son long, dont les cris se propagent dans toutes les directions… se heurtent au silence, rebondissent pour trouver une sortie et s’évanouir dans les mots réconfortants de sa Maman.

Assis sur un banc au pied du chêne, un vieil homme, le dos courbé sous le poids d’une tristesse sans nom, les yeux plongés dans ceux d’une femme. Le temps semble suspendu de part et d’autre de son sourire de femme aimante, un sourire chargé d’une énergie silencieuse qui commande l’espoir…

Elle se souvient de cette enfant lisant à voix haute un livre d’histoire, dans le métro… et la sensation furtive que tout le wagon, suspendu à ses lèvres, était plongé dans une bulle de mots, un halo d’innocence…

Elle se souvient aussi ce conducteur de la ligne 12, annonçant avec une voix d’hôtesse, les prévisions météorologies, quelques conseils bordés d’humour pétillant et un inattendu « Agréable journée à tous », inondant sa rame de bonne humeur.

Un frisson court sur sa peau comme le vent effleure l’herbe…
Alors elle laisse tomber ses pensées comme des miettes de pain, pour aller respirer toutes ces intentions murmurées, et ces sourires qui vibrent jusqu’à contaminer l’air…

Se peut il que les mots ou les sourires soient vivants ?
Se peut il que les mots ou les sourires fassent taire les blessures et redonnent l’intensité aux couleurs ?

/En illustration un pochoir de Bansky, personnalité majeur de l’art urbain international/

Maman…

Mai 2016

À peine réveillée et déjà s’engouffrer dans le métro ?
Etre collée serrée dans la masse des gens résignés qui lisent les mêmes mots des journaux gratuits ?

Non !

Aujourd’hui à l’abri dans sa voiture, elle scrute les nuages qui s’effilochent en lambeaux dans un ciel plombé.
Les essuie-glaces étalent la pluie mêlée de lumière sur le pare brise.

Un arc-en-ciel…
Comme un événement majuscule, inattendu, pour confirmer une journée fluide, pleine d’évidences.

Elle se remémore ces mots : « la vie, c’est comme un arc-en-ciel, il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs ».

Sourire…

L’averse laisse place à des étirements brumeux, un « je-ne-sais-quoi » de langueur canaille et aguichante qui colle à la peau.
Le ciel soudainement envahi de bleu, éclaboussé de lumière, déchiré par la silhouette des immeubles, domine Paname.

À l’arrêt à un feu rouge elle regarde défiler des marchands ambulants chargés d’une multitude d’objets, écoute la radio débitant inlassablement les mêmes mots avec les mêmes intonations pour finalement laisser place à une rétrospective sur la fête des mères…

Elle n’a qu’à respirer profondément pour sentir le parfum de sa maman : tant d’essences mêlées… l’herbe humide, la lavande en fleurs, la fleur d’oranger, le sable de leurs vacances d’été, le savon de Marseille, les sablés de Noël, la cannelle,  les étoffes, les fils de soie, la peinture, l’encre de chine…
Elle n’a qu’a la serrer dans ses bras pour voyager clandestinement et se retrouver au creux de ses souvenirs d’enfance…

Elle est une femme joyeuse, volontaire, présente sur tous les fronts.
Elle est celle dont on se souvient la main douce et fraîche posée sur votre front quand enfant fiévreux, vous cherchiez le réconfort, celle qui prépare les goûters de pain perdu au sucre…
Elle est la tendresse, la chaleur, la force.
Elle est celle dont les mots vous réchauffent tel un serment d’affection… doux, nourrissant, apaisant. Des mots qui sentent bon la sécurité, qui recollent les morceaux lorsque tout est éparpillé.

Elle voudrait enfermer ce parfum dans une petite boîte pour le laisser l’envelopper lorsque les jours deviendraient plus froids… Comme les boîtes à bisous données à ses enfants.

Le feu passe au vert.
Les automobilistes impatients klaxonnent.
Réveillée, propulsée à l’âge adulte, confrontée au temps qui passe, laissant doucement l’insouciance de l’enfance plier sous le poids de la vie, elle démarre légère comme un soupir, comme l’ombre d’un papillon à songer à sa maman et savourer de se savoir maman aussi…

Finalement 8 mai, 29 mai… Qu’importe, les mamans seront toujours à l’honneur chaque jour qui passe, n’est-ce pas ?

A ma Maman
Aux Mamans du monde entier

« Dis… tu crois en quoi ? »

Ecrire… ce projecteur, cette lumière sur les émotions.
Ecrire… et rêver donner un éclat sur l’anodin, le transformer en un bien précieux et rare.
Ecrire… pour raconter les envolées, les états d’âme, la vie en toute simplicité qu’un seul mot pourrait changer en épopée.

Aujourd’hui, elle se noie dans la fin de sa tasse de café… le café est froid.
Se dit qu’elle pourrait retourner dans son lit et se lover dans l’empreinte encore tiède que son corps a laissé dans la nuit…
Aujourd’hui, ses mots lui semblent tellement élimés qu’on y voit au travers… comme la vie ténue et fragile avant la prochaine virgule.

Un fragment de lassitude ?
Tenir alors la nostalgie à distance et s’arrimer au présent ?
Ambivalence des sentiments : plénitude et vide.

Le tic-tac de l’horloge rythme ce silence trouble.

Elle laisse tomber ses pensées comme des miettes de pain.

Admire le soleil qui prend son tour de garde pour éclairer le monde, et sans préambule se répand dans la pièce comme pour lui reprocher son humeur morose.

Ces dernières semaines, assommée par les blessures du monde et ses propres batailles, une peur sourde l’enferme dans des mots qu’on ne prononce pas.
Cette peur là, elle croyait en avoir fini !
Imprévisible, soudaine, sur le quai du métro, dans une boutique, à un carrefour alors qu’elle traverse la rue !
Elle surgit insidieuse, pour devenir chagrin et douleur !
La peur, c’est la brèche invisible qui se creuse au fond de son ventre, les images, les résonnances, l’écho d’un bruit ou d’un silence qui la réveillent au cœur de la nuit…
Alors ne pas l’ignorer… la regarder droit dans les yeux !

Tout donner et recevoir le monde entier, voilà la naïveté dont elle s’était vêtue comme d’une couverture.

Sommes nous de si petites choses que le monde continu de tourner sans se soucier ?

A l’abri de sa maison, tout respire la paix des gestes du quotidien.
Elle a besoin du silence des mots écrits.

Portée par la conscience de cette émotion à laquelle la vie la soumet, elle sait qu’il faut faire avec…
Et si quelque chose a vacillé une fois encore, n’est ce pas au cœur des bouffées de joie, de colère, de désarroi, de peur, au cœur des émotions que l’on trouve le carburant de la vie ?

Elle se remémore soudain ce minot du coin de la rue du marché de l’Olive, avec le rire de son âge sur les lèvres, qui jouait a défier les adultes avec toujours la même question : « Dis Madame… tu crois en quoi ? »
Elle le regarde amusée : « Je crois en ce qui nous rend vivant… »

….

« I learn that courage was not the absence of fear,
but the triumph overt it.
The brave man is not he who does not feel afraid,
but he who conquers that fear. » Nelson Mandela

Ici en illustration : street art de Seth Julien, graveur de la scène Parisienne, il peint les enfants de ses voyages avec ce je ne sais quoi de magique.

8 mars 2016…

Un soleil chétif qui se lève,
Des flaques d’eau saisies par le froid, devenues miroirs,
Des flocons, suspendues en apesanteur, leurs murmures feutrés et ce silence blanc cloué à terre.
Elle observe le ciel laiteux et son escadrille de nuages, comme déposés en équilibre sur les toits des immeubles, prêts à basculer.

L’hiver abuse de son dernier souffle,
L’hiver use de son froid insidieux pour faire impression, pour une sortie magistrale avant la saison nouvelle.
Déjà Dame Nature dévoile les signes d’un printemps précoce : chaque arbre, chaque buisson, chaque brindille semblent sous tension, comme prêts a exploser pour dévoiler un secret précieusement gardé.
L’hiver doit lâcher prise…

Blottie sous le porche, elle attend patiemment que le déluge expire. Elle respire tranquillement l’indifférence de ceux qui passent, comme un calme enveloppant.
Sur le mur, en face, une immense affiche, le visage d’une vieille femme, et ces mots : « 8 mars, un siècle de combats : journée internationale de la femme ».
Il lui semble voir toute la vie de cette femme dans les creux de ses rides… toute l’histoire des femmes. Dans son regard, une infinie tendresse, mêlée d’espoir et de détermination.

Il y a des jours, plus que d’autres, où l’on saisie son histoire, où se révèle ce que nous sommes…
Alors le 8 mars,
Un jour pour dépoussiérer les photos, les batailles de celles qui ont refusé l’injustice ?
Un jour pour rappeler cet héritage, que rien est vain, que le chemin est encore long, mais qu’il ne faut pas abandonner.

Les mots coulent sur elle, comme la pluie ruisselle sur l’affiche pour en mélanger les couleurs, jusqu’a la rendre transparente. Elle s’émiette sous ses yeux, si fragile, si vulnérable…

Elle comprend soudain que si chaque jour devrait être un 8 mars, qu’un seul puisse réveiller les consciences est déjà une victoire.
Alors continuer d’écrire avant que tout s’évanouisse, avant que les fines particules de l’oubli envahissent les essentiels de l’histoire.

Dans une déchirure du ciel, inattendu, un rayon de soleil, comme une lueur d’espoir.

Aujourd’hui, 8 mars 2016, elle se sent vulnérable et résolue.
Aujourd’hui, 8 mars 2016, elle décide de marcher jusqu’à l’engourdissement, jusqu’à l’ivresse. Marcher avec ces femmes ordinaires qui ont fait l’histoire.

A toutes les Femmes du monde entier
A ma Maman
A ma Sœur
A mes Amies

En illustration, Portrait de femme : Street Art de Herakut, artiste à quatre mains (celles de Akut un graffeur, et celles d’Hera, une peintre) 

Des mots d’A…..

L’hiver et ce silence froid…
L’étirement du brouillard qui trébuche à chaque trottoir pour s’évaporer sous les portes cochères.
L’orage qui éclate et rempli ce même silence..
L’aube et des rêves doux, apaisant comme un serment d’affection qui se verrouillent lorsqu’elle émerge aux premières lueurs.

Elle laisse le fracas de l’eau engourdir son ouïe,
Marche avec hâte, sentant la présence muette des arbres qui bordent la rue, sentant le froid qui chuchote contre sa peau pour s’immiscer jusque dans ses muscles…
A peine réveillée, débordante d’une énergie silencieuse et cette sensation que le monde lui appartient…

Elle pousse la porte du café et sent l’air chaud fendre le froid de l’extérieur.
Envoie des sourires, cueille ceux qu’on lui offre, et chante un « Bonjour Lucie », l’âme de ce lieu chaleureux.
Lance des mots qui polissent les petites choses du quotidien à quelques habitués, d’un regard embrasse la salle pour chercher ses Amies.

Ses Amies…
Elles sont les fous rires, la passion, les grands discours, les envolées, les larmes, les grands silences.
Elles sont la réflexion, l’assurance, les convictions saupoudrées de doutes.
Elles devinent ses préoccupations, ses humeurs espiègles, divergentes, parfois instables.
Elles savent écouter les blancs entre ses mots.
Elles devinent et prennent la mesure de ses batailles, aussi dérisoires ou puissants sont les enjeux.
Combien de tartines à la confiture de larmes ou de rigolade partagées ?
Elles sont avec sa famille son centre de gravité.

Sentant l’arôme rassurant de sa tasse de café, elle les observe avec tendresse.
Cherche les mots pour les décrire, reformule sans cesse.
Ses mots s’enroulent autour de ses pensées, chargés d’émotion et de reconnaissance.
Ce matin le café diffuse dans l’épaisseur de l’air un parfum de légèreté, de complicité et d’amour.

Il faut aller dans la vie pour écrire la vie !
Mais de quoi parle t’elle ?
De l’Amitié avec un grand « A », bande de foule sentimentale !

En zone de houle… une intention pour 2016

Fin décembre 2015

Cette saison où la terre s’octroie un temps de recueillement, de méditation, de préparation pour le printemps à venir…
L’air humide et froid du matin qui caresse les rues encore endormies, les arbres vernis de froid, la surface cristalline de l’herbe engourdie par l’onde glaciale.

Elle se réveille à l’aube,
Elle aimerait retrouver cette somnolence matinale du temps d’avant, lovée sous la couette, se laissant envelopper par des rêves de surface pour étirer la douceur de la nuit.

La veille chez ses parents, simplement heureuse de la chaleur de l’instant, de contempler les murs témoins de son enfance. Ce lieu où un cœur est un cœur, une intention une intention, un sourire un sourire…

Aujourd’hui enivrée par cette bolée du petit matin frais, elle se sent l’âme flâneuse d’une touriste…

Elle observe la fuite des nuages, leur vitesse silencieuse.
Le ciel semble s’épaissir, s’amalgamer, pour s’arrêter net devant l’entrée du métro dans lequel elle s’engouffre. Elle en connaît par cœur les méandres, les « chemins de traverse »…
Emportée par le flot dense et désordonné des voyageurs… encore et toujours se croiser, se heurter, se frôler, s’éviter…
Elle a besoin de sentir que la vie y a repris ses droits. Elle a besoin d’y entendre des conversations, des murmures, transpirants l’empathie, l’universalisme, l’humanisme…

A l’arrêt entre deux stations, son métro privé d’électricité « momentanément », se retrouve happé par l’obscurité.
« Veuillez nous excuser pour la gène occasionnée »
A ces mots, figés comme une carte postale, les visages s’illuminent instantanément dans la clarté des Smartphones.

Tous ces écrans déverrouillés mille fois pour vérifier le message, le petit mot, le signe, l’émoticône, le « je ne sais quoi » qui rassure et rappelle que l’on compte, que l’on n’est pas oublié.
Tous ces écrans gardés précieusement, dégainés au moindre tintement.
Toutes ces émotions réduites à des codes, des émoticônes, des petits ronds… ces amitiés qui ne tiennent qu’à une onde, une batterie, un fil.
Toutes ces applications qui détournent de l’autre, et qui font oublier d’observer, de sourire, de partager…

Son téléphone vibre dans sa poche… elle l’ignore.

C’est donc cela être dans l’air du temps ?

Elle imagine un court instant que ces points de lumière sont des bougies comme autant de promesses vacillantes et que le grelot que cet enfant agite depuis le début du voyage est un reste de la magie de Noël, égaré aux portes de 2016.

Elle éternue brillamment, des yeux lui glissent dessus puis retournent à leurs écrans.

Le métro reprend sa route, la libère enfin…

Sur le quai, elle se souvient de ses mots de janvier 2015.
Ils surgissent en formation serrée. En première ligne, comme une intention pour la vie, un seul mot : l’authenticité.
S’engager avec sincérité dans le présent, aller dans le courant et poursuivre son chemin avec le bonheur d’être et de partager.
Ne surtout pas rester sur la surface lisse de la vie, car la vie est un cadeau…

Alors le sourire plein d’espoir, de confiance et de détermination, elle s’en va.

Sur le quai abandonné, un grelot…

2016 est déjà là !

Une Merveilleuse Année à tous…!

Vendredi 13…

Vendredi 13 novembre 2015,
Le froid qui s’immisce insidieusement, la buée qui trouble les vitres, le reste des rayons du couchant avalé par l’obscurité.

Assise, le front collé à la fenêtre, elle laisse son regard errer et capter un détail…
La fenêtre lui offre une large vue sur Paname et la ville toute entière semble entrer dans la pièce…
Au loin le tumulte des klaxons et des sirènes qui se déversent dans les rues.

En un instant son téléphone lui délivre des messages de famille, amis… de Paname, Madinina, Toronto, BelaCrkva, Mexico, San Francisco : « Are you safe ? » « Jesi li dobro ? ». Elle vérifie que ces proches le sont aussi…

Quelque chose de l’équilibre a vacillé, telle une onde de choc… Paname pleure.

Le temps s’est ramassé sur lui même, léger hier, lourd et suffoquant l’instant d’après.
Le chagrin l’oppresse, il veut se ménager une place, qu’elle le prenne dans ses bras.

Des barbares se sont attaqués à l’Humanité !
Des barbares assassinent et terrorisent au nom d’une religion dont ils se réclament en en violant l’esprit !

La violence de cette nuit, c’est les cris, les tirs, le sang… puis le silence et tout cela pour recouvrir les blessures.

Alors céder à la peur ? Si imprévisible, soudaine, comme à un carrefour lorsqu’on traverse une rue…
Alors céder à la colère ? Celle-là même qui cause tant de ravages…
Ne pas se laisser engloutir…
Confusion des émotions…

Petit matin du 14 novembre 2015,
Elle sort,
Elle essuie furtivement les larmes qui ont dévalées ses joues,
Frotte entre ses doigts un brun d’herbe de son jardin, en respire l’odeur et fait le vœux que ce parfum pénètre sous sa peau et efface cette douleur.

Elle marche dans les rues de Paname où toute cette tristesse colle sur les murs.
Et si le chagrin ne se dilue pas dans l’eau, ni dans l’air, elle sent ce vent puissant de solidarité de toute part.

En pleurs, en deuil, citoyens du monde… et DEBOUT !


Des mots pour s’y abriter

Une étincelle…

Fin octobre,
Le vent soulève les feuilles mortes dans un bruit de papier froissé.
Le soleil à travers les feuillages, dessine des taches de lumière et joue une symphonie de couleurs exaltées par ses rayons.

Il admire la brume de ces matins d’automne, l’indolence à demi-mot de Paname prête pour le coup d’envoi de chaque nouvelle journée.
Dans le ciel, des oiseaux en formation serrée… ces voyageurs qui portent tout ce qu’ils ont vu en silence.

Juste un ciel en majesté…

Pourtant il appréhende cette saison où les jours sont suspendus dans l’ombre trop tôt, où les nuits arrivent trop vite !

Aujourd’hui, il se lève en supportant la douleur d’une inquiétude sourde…
Alors balayer cette pensée ?
L’ignorer ?
Rester recroquevillé sur le bord de la vie en attendant qu’elle passe ?
Il ose rêver d’un monde aux contours lisses et perméables.
Un monde où tout serait livré avec une notice, un mode d’emploi : « Attention zone de houle » ; « Ici chemin au bonheur palpable » ou « danger, ici désillusion »…
Il rit de ses pensées !
Il imagine que tout savoir, tout comprendre, tout maîtriser, atténuerait les choses et s’applique à chasser ses idées sombres les unes après les autres avant même qu’elles ne deviennent des mots.
Il faut les gommer à la source !
Tout effacer, ou presque et ne percevoir plus que l’entaille de cette inquiétude comme une infime cicatrice.
La voir fondre à ses pieds, basculer dans le passé et n’être conjuguée plus qu’à l’imparfait…

Alors si ces derniers jours, il chausse ses bottes de soldat pour affronter ses détracteurs, il sait avec force que famille, amis sont son point d’encrage sur la paroi glissante de la vie.

Il se sent brusquement conscient de l’instant présent et de cette force commune qui est leur alliée à tous.
N’est-ce pas là le cœur de son énergie ?

Si on ne chasse pas l’écho d’un silence, d’un doute d’une inquiétude… comme on gomme une esquisse,
Ce matin lui offre ce magnifique cadeau de se savoir debout, conquérant, aimé… vivant !

Il ne lui reste plus qu’à cueillir en plein vol chaque étincelle de la vie, laisser ses pensées sombres s’éclipser par la porte de derrière pour que demain le dernier mot lui appartienne !

Demain nous serons vainqueurs
Demain nous serons vingt cœurs, et plus encore…